Gibert Peyre, artiste autodidacte qui se présente comme "plasticien, metteur en scénien, électro-mécanopraticien, fantasmagoricien de la pensée métallique et poéticien de la tôle galvanisée" a acquis une belle notoriété avec ses
sculptures animées.
Et une conséquente sélection est présentée à la Halle Saint Pierre dans le cadre d'une exposition monographique conçue sous le commissariat de Martine Lusardy, directrice du lieu.
Obsédé par le mouvement, tout commence dans les années 1960 avec des jouets à roulettes à base de boites de conserve puis des sculptures articulées conçues à partir d'objets de récupération.
Et c'est tout naturellement que ce bricolo-bidouilleur s'est engagé sur le chemin du mécanique et de la technique ancestrale de de l'automate.
Sa démarche est contemporaine de celle des artistes du mouvement du Nouveau Réalisme par la pratique de la récupération et l'esthétique du déchet dont notamment l'assemblage d'objets qui évoquent les monstres mécaniques de Jean Tinguely.
Gilbert Peyre, de l'automate à sculpturOpéra
Automate oui mais avec un mécanisme toujours apparent et surtout de conception shadokienne, ce qui génère une cacophonie de bruits et sons quand il se déclenche pour animer des sculptures faites de bric et de broc telles "La danseuse du ventre", "Le cavalier sans tête" ou 'L'haltérophile".
Par ailleurs, Gilbert Peyre use largement de la satire et de la caricature.
Et ce dans deux optiques différentes : pour épingler avec ironie un événement politique ("La partie de cartes" entre Bush et Hussein) ou opérer un détournement artistique à la Martial Raysse mais en trois dimensions ("Joconde", "La Ménine").
Le détournement artistique s'accompagne toujours d'un détournement humoristique qui constitue une des récurrences de l'oeuvre de Gilbert Peyre.
Ainsi en est-il des boites de sardines qui se substituent aux poissons rouges
("Aquarium") ou deviennent les trophées d'une chasse absurde ("Tableau de chasse" qui ressort également à l'installation plastique).
Avec le temps, ses objets-sculptures animés s'intègrent, avec moults sons et/ou musiques, dans des installations qui peuvent s'analyser comme des reconstitutions de scènes drolatiques quasiment théâtralisées couvrant un large spectre .
Amusante comme
"Champagne et bruits de vaisselle" avec sa chaise ivre ou glaçante tel "J’ai froid" avec le squelette de cerf en manteau de fourrure qui piétine en gémissant présenté in situ dans un décor
chaotique.
Avec l'installation se profile la tentation du monumental
Elle se concrétise avec la création d'oeuvres singulières ("Ce soir on tue le cochon" et " Cupidon Propriétaire de l’Immeuble situé sur l’Enfer et le Paradis") qu'il nomme
"sculpturOpéra".
Elles sont élaborées comme un dispositif scénique, simultanément décor-scénographie et objet de véritables spectacles pluridisciplinaires.
Le spectacle-machine n'est pas une nouveauté mais, en l'espèce, la novation tient à l'intervention de personnes vivantes, dont des chanteurs lyriques et, surtout, des comédiens qui remplacent les sujets automatisées tout en conservant leur comportement marionnettiques..
A découvrir donc à la Halle Saint Pierre, où toutes ces machines à rire et à rêver - ou à cauchemarder selon les sensibilités - seront régulièrement activées. |