Et si cet Away était le plus beau disque d’Okkervil River ? Et si cet Away était le ou l’un des plus beaux disques de cette année 2016 ? Parce qu’il va être dur de ne pas enfiler les superlatifs pour cet album simplement sensationnel. Tout ici est absolument parfait : les compositions, l’interprétation, les textes, les arrangements, la production, merci en cela à Jonathan Wilson (déjà derrière le Father John Misty dont le son tout en velours est comparable).
Le pire, c’est que cet instant de bonheur musical aurait pu ne jamais exister. Nous avions presque pensé le groupe disparu. Entre une partie des musiciens partis voir ailleurs et un deuil familial, Will Sheff lui-même semblait vouloir jeter l’éponge. Et puis la lumière est réapparue. L’apaisement d’une maison pleine d’amis (dont Marissa Nadler, et Jonathan Meiburg de Shearwater par exemple) et l’inspiration est revenue.
Nous savions Okkervil River capable de grandes choses avec une discographie souvent bouleversante mais parfois inégale aussi. Là, nous cherchons encore ce qui pêche dans ce disque enrobé d’une douce mélancolie. Normal. Si Will Sheff nous parlait de sa ville natale et de son enfance sur The Silver Gymnasium, ici le musicien s’inspire de la disparition de son grand-père, homme - mentor ayant eu une importance considérable dans sa vie, pour s’attaquer aux thèmes de la mort, de la trace que nous laissons sur terre, de l’identité, de la renaissance, tout en nous confrontant à notre propre travail de deuil. Et toujours avec cette plume si littéraire.
Et la musique alors ? Presque l’ataraxie… Il y a toujours cette pop finement ourlée, ce rock, ce folk, cette pop, cette musique parfois entre Bruce Springsteen et David Bowie, une sorte de lyrisme tout en retenue, une intelligence de l’écriture laissant le temps aux chansons de s’épanouir. Et puis cerise sur le gâteau, ces arrangements d’une rare finesse, en petites touches presque impressionnistes, quelques notes de piano ou d’orgue, un contre-chant de flûte, de trompette, des accords d’un quatuor à cordes. Comment ne pas succomber à des titres comme l’intense "Okkervil River R.I.P." premier titre premier coup de poing, à l’entraînant "The Industry", l’incroyable "Days Spent Floating (in the Halfbetween)", l’élégant et romantique "Mary On a Wave", "Comes Indiana Through The Smoke", le folk subtil de "Call Yourself Renée". Bref un disque magnifique, foudroyant de classe…
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
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