Tragi-comédie d'après une oeuvre de Javier Ulises Maestro, mise en scène de Stéphan Druet, avec Sophie Mounicot, Philippe Saïd, Emma Fallet, Sebastiàn Galeota et Antoine Berry-Roger.
La mort d'un riche argentin exilé en France sème la panique chez son personnel domestique - une gouvernante cupide doublée d'une harpie qui tyrannise sa petite famille (Sophie Mounicot), son mari, jardinier et père veule (Philippe Saïd) et sa soeur, la bonne gourde bigote (Emma Fallet) - obligée de quitter la propriété dès lors que, à défaut d'héritiers, sa succession, composée de conséquents comptes bancaires, va revenir à l'Etat.
Et, en guise de veillée funèbre, ce sera la recherche d'un hypothétique magot en liquide qui aboutit à la découverte de papiers et vêtements ayant appartenu à sa femme disparue dans la tourmente de la dictature.
Fiat Lux ! Il n'y a plus qu'à ressuciter la belle Renata pour capter l'héritage et ce sera le fils introverti et mal aimé (Sebastiàn Galeota) qui, travesti en femme, va se prêter à l'imposture pour négocier avec un jeune notaire aux airs de ravi de la crèche (Antoine Berry-Roger).
Se profile instantanément une comédie de boulevard rocambolesque mais la partition sur le topique de la famille névrotique et la thématique de l'homosexualité, avec un bel échantillon de comportements de la pitié compatissante à l'homophobie perverse, ressort à la tragi-comédie voire au drame de la banalidté du quotidien.
En effet, dans "Renata", écrite par Javier Ulises Maestro, auteur argentin qui s'inscrit dans la filiation de Copi et dont l'opus ressort à l'hyper-réalisme dramatique du théâtre contemporain argentin à la dimension résolument politique, de Claudio Tolcachir ("Le cas de la famille Coleman") à Sergio Boris ("Viejo, solo y puto"), la violence de la satire burlesque se terre sous l'apparente lénifiance d'une situation de télénovela.
Stéphan Druet, qui en assure la traduction et l'adaptation avec Sebastiàn Galeota, opte pour une mise en scène en adéquation parfaite avec ce registre en ce qu'elle use d'une dramaturgie post-tragique et une comicité basée sur le grotesque, et ses procédés que sont le décalage et l'exagération.
Le quintet de comédiens parfaitement distribués navigue idéalement sur la corde raide tendue au-dessus de la caricature et de l'émotion. Mention spéciale à Sebastiàn Galeota, la superbe madone des descamisados dans le seul en scène "Evita, Amour, gloire, etc" ex "DolcEvita", qui incarne la femme plus que femme dont les tenues kitschissimes révèlent l'identité refoulée et l'homosexualité poétique d'un homme en quête d'amour. |