Les Dessous Féminins
(Les Disques Entreprise) octobre 2016
Ex-membre des One-Two en compagnie de Séverin, Lafayette est parti vers des envolées solo, avec la parution d’Eros Automatique en 2012, premier opus de sa trilogie amoureuse qui sera suivi un an plus tard par Mauvaise Mine et La Glanda. Prenant le temps de vivre sa paternité nouvelle, l’artiste s’est fait discret quant à la poursuite de sa carrière solo, tout en continuant à collaborer dans l’ombre des artistes du label Entreprise. C’est ainsi qu’il a contribué à l’écriture du single de Julia Jean-Baptiste, Confetti, mis en valeur via un mix fédérateur, le morceau de Jérôme Echenoz, Le chrome et le coton et enregistré un duo avec Laura Fishbach. Lafayette nous a rappelé à son bon souvenir au printemps dernier avec la parution du single "La mélancolie française", morceau omni (objet musical…) qui a alimenté tous les fantasmes de la blogosphère et qui augurait la sortie de son premier album Les Dessous Féminins, sorti le 15 octobre.
Lafayette a beaucoup aimé la pop classieuse des années 80, celle des Jacno, Daho, Chamfort et des cultissimes Mikado. Ce son synth-pop est le fil conducteur sonore des onze titres de l’album. Mais Lafayette ne s’inscrit pas dans le simple usage du copier-coller des jeunes gens mödernes, il y apporte sa touche d’élégance et de raffinement. La musique de Lafayette, c’est celle des moments de légèreté, des soirées entre amis qui s’éternisent dans la douceur, des vacances en bord de mer ("Une fille un été", hymne d’été dont nous nous demandons pourquoi il n’est pas sorti à ladite période) où l’on prend en fin de soirée la "Décapotable" pour profiter de la douceur de vivre "La Glanda".
Lafayette tout au long de son album nous fait une révélation, nous avoue son talent d’Achille, le garçon est amoureux. Amoureux des filles, qu’il choisit avec goût si l’on en croit ses choix de partenaires autant en studio que dans les vidéos (prévoir une douche très fraîche après visionnage des "Dessous Féminins"…). Frédéric, loin des clichés machistes et misogynes, montre un visage tantôt homme-enfant, tantôt garçon-fragile ("ça fait un mois que je n’ose pas te le dire, je porte des dessous féminins, c’est agréable quand je passe la main") dont la présence des femmes est faite pour le rassurer ("une vie de chat lové dans tes bras") et cette fragilité en fait un garçon chouchou des filles, automatiquement eros et sexy, notre Anoine Doinel de la pop française, émotionnellement secoué par la grande inconnue des rapports hommes-femmes mais tellement attachant… "Les Dessous Féminins" (titre éponyme qui sort en single en même temps que l’album) est ainsi une jolie promenade, intemporelle, une agréable flânerie où l’on regarde la vie et les jolies filles passer… instants furtifs adorés qui laissent une amertume nostalgique une fois évanouis.
Lafayette pourrait être ainsi avec Les Dessous Féminins le chef de file d’une nouvelle génération d’artistes (Cléa Vincent, Aline, L'Impératrice, Paradis, Laura Fishbach…) qui a décidé d’inscrire notre paysage musical dans la French pop 2.0 en s’inspirant des recettes du passé pour mieux exprimer leurs aspirations d’avenir, ce qui était en filigrane le concept de "La mélancolie française". Ces jeunes gens mödernes années 2010 sont, et il faut les en remercier, une véritable bouffée d’oxygène par ces temps anxiogènes et cette sinistrose ambiante, de l’air enfin !
Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.