"Quand tu me caresses le squelette, je me sens toute guillerette / Quand tu me caresses l’anatomie, c’est vraiment de la folie"

Il y a des rééditions foutage de gueule avec l’album original connu qui fête son "anniversaire" vaguement remasterisé et point basta. Il y a des rééditions plus intéressantes avec un album célébré et l’ajout d’inédits, de démos ou de concerts. Et puis il y a des rééditions géniales, qui t’ouvrent à un nouvel univers, qui te font découvrir une autre musique ou qui réhabilitent un artiste.

Born Bad en est un habitué (les séries WIZZZ french psychorama ou Des jeunes gens mödernes, Mobilisation Générale - Protest and Spirit Jazz from France 1970-1976, BIPPP French Synth-Wave 1979-85, Francis Bebey "Psychedelic Sanza 1982?-?1984"…).

Jean-Baptiste Guillot tenait absolument à la sortie de ce disque. Elle est exceptionnelle. Autant parce que El’Blaszczyk avait totalement disparu des radars, si tant est qu’il y soit apparu un jour (il avait évolué un temps dans la scène garage parisienne puis avait disparu d’un coup au milieu des années 90) que pour son contenu complètement iconoclaste. Difficile en effet de classer ce disque, entre twist, rock garage totalement lo-fi et véritable curiosité musicale, plus underground tu meurs !

Alors qu’il est élève aux Beaux Arts, le Rochelais prend également des cours avec le compositeur de musique concrète, Christian Eloy au conservatoire de Bordeaux, où il en profite pour utiliser tout un arsenal d’instruments (Moog 55, grand piano, orgue Hammond, percussions pour orchestre, synthés…). De ce parcours en ressort un goût pour le surréalisme et pour les expériences sonores instinctives, collectages de sons et autres bricolages (les instruments sont en grande partie de la récup), et comme un fou de musique des 50's et des 60's une passion pour une sorte de rockabilly hors d’âge, foutraque et plein d’humour.

En 1995, il enregistre With Girls, un 45 tours 4 titres ("Quand Tu m’caresses", "Taqui Oualqui", "James Bond", "Tapfex"), avec Dona Bella sa petite sœur âgée de 13 ans et  Sofia Bellinna, une jeune voisine de quartier.

C’est ce single avec dix autres morceaux que l’on retrouve dans ce The Quirky Lost Tapes 1993-1995, album qui tourne pas mal autour de la médecine, de la folie ou de la psychiatrie et qui se situerait quelque part entre rockers, Jean Yanne, Boris Vian, ou Serge Gainsbourg. Serge Gainsbourg que l’on retrouve sous forme de clin d’œil dans le titre "Quand tu m’caresses" avec son solo rappelant son "Lemon Incest". C’est peut-être là la faiblesse de ce disque, ce jeu autour de l’inceste et d’une pseudo érotisation des deux chanteuses. Ce n’est ni provocateur et cela ne fait pas forcément sens. Seul bémol à ce disque définitivement culte !