"These songs combine a raw need, a ready access to neediness, with seemingly incongruous cinematic changes reminiscent of '60s Italian pop music and movie scores. They switch between emotional grandeur and eye scratching immediacy." Arto Lindsay
Masculin Féminin n’est pas le nouvel album de Blonde Redhead, enfin pas vraiment. Il compile des singles, des démos, des enregistrements radios et les deux premiers disques du groupe longtemps épuisés Blonde Redhead et La Mia Vita Violenta qui sortirent en 1994 et 1995 sur Smells Like Records, le label de Steve Shelley, batteur de Sonic Youth. Sûrement l’une des raisons, avec une voix masculine rappelant Thurston Moore, pour laquelle on comparera rapidement les deux groupes et leurs goûts respectifs pour une certaine énergie noise, les expérimentations sonores, pour les déviations et autres dissonances.
L’évolution de Blonde Redhead effacera rapidement ces comparaisons et le groupe se montrera bien plus qu’une simple copie de Sonic Youth. Le groupe dévoilera au cours d’une constante métamorphose des côtés plus calmes, minimalistes ou mélodiques voire même dream pop, indirectement ou plus directement pop, jazz ou bossa nova et des références européennes. Des références européennes musicales : la signature par exemple chez le label britannique 4AD n’est pas une simple coïncidence, ou cinématographiques : un amour pour Godard ou Pier Paolo Pasolini (une de ses nouvelles donnera son nom à leur second album)… L’un des premiers souvenirs communs et fondateurs du groupe est un concert de My Bloody Valentine avec Pavement en première partie en 1991, ce qui en dit beaucoup sur l’esthétique de Blonde Redhead !
Ce Masculin Féminin permet donc de revenir sur la genèse et l’évolution d’un groupe qui deviendra l’un des plus intéressants du moment, en proposant plus de questions que de réponses, cf le superbe Barràgan sorti en 2014. Il offre un regard précieux sur leurs années de formation et de manière indirecte sur l’indie rock du début des années 90. Une façon de comprendre comment le groupe va évoluer et faire progresser un style alors en germe et leurs influences, véritables pont entre le son de New York et l’Europe. New York, presque quatrième membre du groupe, ville qui ne cessera de les hanter, musicalement bien sûr mais graphiquement également et dont ils chercheront également à s’en échapper.
Comment il est passé d’un Blonde Redhead aux structures étonnantes, guitares tranchantes et batterie virevoltante (la batterie tient une vraie place prépondérante chez eux, le titre "U.F.O." est un exemple parmi beaucoup d’autres) puis La Mia Vita Violenta, chef-d’œuvre s’éloignant de Sonic Youth mais jouant sur les tensions entre rock noise et mélodie subtile qui deviendra la marque de fabrique du trio New Yorkais à l’abstraction de Barràgan. Voici en quelque sorte comment tout a commencé….
Chez Froggy's on préfère les chanteurs peints en bleu que les présidents peints en orange. Mais comme on n'y peut rien, il ne reste qu'à attendre et lutter avec les moyens du bord: la culture. C'est parti pour le programme de la semaine.