C'est avant tout une improbable découverte de scène. Une sorte de soirée "Les femmes s'en mêlent" organisée au Bowery Ballroom, une des meilleure scènes new-yorkaises, réunissant The Mosquitos, The Heartless Batards, donc, et en final Bettie Serveert.
The Mosquitos font un passage inaperçu, devant une salle plutôt vide (habituel à New York où la ponctualité des concerts permet aux spectateurs peu scrupuleux de se dispenser des premières parties et donc de découvertes surprenantes).
Suivent The Heartless Bastards et lorsque la jolie chanteuse/guitariste Erika Wennerstrom, Mike Lamping (basse) et Kevin Vaughn (batterie) montent timidement sur scène, peu de gens prévoient la déferlante sonore qui devait s'abattre sur le Bowery, qui se croirait replongé cinq mois auparavant alors que la salle accueillait The Black Keys, autre formation signée chez le label américain de blues Fat Possum Records.
La chanteuse Erika Wennerstrom déploie sur scène une sonorité vocale contrastante avec son physique menu, qu'accompagne la puissance des instruments du trio. A la lumière du duo des Black Keys, The Heartless Bastards sont à l'origine d'un blues/rock puissant et grave, qu'envenime la voix de Wennerstrom. Envenime positivement, en fait, puisqu'elle y apporte la fragilité et la puissance d'affirmation de ses paroles parlant de malaise de vivre, souvent ironiquement, de galères surmontées par ces petites choses que Wenrnerstrom a su apprendre à apprécier au long d'une vie tumultueuse, élevée avec son frère par sa mère, accumulant petits boulots et errance jusqu'à cette situation de barmaid et la rencontre finale avec Lamping et Vaughn.
Le groupe multiplie les concerts, Wennerstrom tend à qui veut bien la prendre une démo cinq titres. Puis finit en première partie des Black Keys, qui sont originaires de l'Ohio comme eux, et séduit un producteur de chez Fat Possum où sont déjà signés les Black Keys. Voilà pour l'histoire.
Pour le son, c'est du coté du blues qu'il faut chercher les racines de The Heartless Bastards, qui d'ailleurs lui rendent hommage sur "Done Got Old", complainte du bluesman, ici de la bluesgirl, sur le temps qui passe et le sort qui s'acharne contre lui/elle. Ce même blues retransformé par The Black Keys. A cela, la voix de Wennerstrom rapproche aussi The Heartless Bastards de P.J. Harvey, Patti Smith ou Suzanne Wright. Grave et rocailleuse, cette voix parvient dans cette salle du Bowery à rameuter la foule dispersée.
Il ne faudrait cependant pas encenser le groupe uniquement du fait de la voix originale, puissante, et tout ce dont on voudra bien la qualifier. Musicalement , le trio tient la route et produit une rock agité, aux basses lourdes et à la guitare mélodieuse et entraînante.
L'album s'ouvre sur "Gray" et son introduction montre le ton à suivre. Des guitares rythmées par une batterie rapide avec des déferlantes de cymbales. Comme en concert, il ne faut pas plus de vingt secondes pour se rendre compte de la spécificité de la voix de Wennerstrom.. Cette voix qui s'épanouit sur le plus calme "Onions" et sur le plus agité "Pass and Fail" et qui donne à l'album toute son ampleur.
Certes, Stairs et Elevators n'est pas l'album de l'année, surprend moins qu'un Arcade Fire et ne répond pas aux attentes d'un White Stripes, mais avec cette album, The Hartless Bastards font une entrée réussi dans les bacs.
Vive les bâtards ! |