Réalisé par Rebecca Zlotowski . France. Drame. 1h48 (Sortie le 16 novembre 2016). Avec Natalie Portman, Lily-Rose Depp, Emmanuel Salinger, Amira Casar, Pierre Salvadori, Louis Garrel, David Bennent et Damien Chapelle.

Mais Rebecca Zlotowski, si elle raconte le destin tragique de ce flamboyant chevalier d’industrie, greffe sur son histoire celle de deux sœurs, dont la plus jeune est médium pendant que son aînée rêve d’être actrice.

Dans ce luxueux film à costumes, Salinger joue André Korben, homme de goût qui vit dans un hôtel particulier qui semble la caverne d’Ali Baba de l’époque Art déco.

Pourtant, on n’a jamais l’impression que les choses filmées ne sont, en réalité, qu’une accumulation d’objets trouvés chez un antiquaire pour faire appartement de nouveau riche.

Ici règne le bon goût et la photographie de George Lechaptois recherche les nuances et les couleurs de l’époque. Ainsi le tournage du film, produit par Korben et mis en scène par Fernand Prouvé (Louis Garrel), dans lequel débute Natalie Portman quand commence le Front populaire, n’a rien à voir avec le style Épinal d’un film dans le film.

Il y a tout au long de "Planetarium" de Rebecca Zlotowski une mélancolie mystérieuse qui s’empare des images filmées. Est-ce l’influence du numéro de voyance médiumnique qui finit par enserrer dans un lieu mortifère les différents protagonistes ? Est-ce le parfum des heures heureuses qui s’évaporent comme les flocons fugaces d’une première neige ?

"Planetarium" évite l’effet "Dernier Métro" rétro et kitsch. C’est par les yeux de Laura Barlow (Natalie Portman) que les années trente prennent vie puis se transforment en souvenirs. Le couple qu’elle forme avec sa jeune sœur est à la fois tangible et irréel. Petit oiseau dans sa cage dorée, Kate Barlow (Lily-Rose Depp) illumine tout ce qui l’entoure avant de s’estomper.

Quant à André Korben, rêveur ou érotomane, escroc ou magicien, il file vers le néant avec l’inconscience d’un vieil enfant gâté. On félicitera Rebecca Zlotowski d’avoir pensé à Emmanuel Salinger, dont la longue absence cinématographique apporte une épaisseur supplémentaire et un vrai mystère à son personnage trouble.

Pas totalement abouti, mais pas formaté comme un film français de prestige, "Planetarium" de Rebecca Zlotowski est plus près de "Stavisky" d’Alain Resnais que de "La Banquière" de Francis Girod. Il inaugure peut-être une nouvelle manière de penser le passé au cinéma.

Loin d’être un grand livre d’images d’Épinal qui se succèdent enrobées dans des lieux communs historiques, il s’attache à quelques grands moments significatifs où le destin de ses personnages singuliers et attachants se joue.