Une longue introduction musicale, un derviche tournant de plus en plus vite, un murmure, un écho, sensuel et vaporeux, "Stand and deliver", bienvenue sur la première piste du nouvel album de The Jezabels : Synthia.
Le quatuor australien est composé de la voix d’Hayley Mary, sublime timbre, de la claviériste Heather Shannon, du batteur Nik Kaloper et du guitariste Sam Lockwood. A eux quatre, ils réinventent la flânerie et le rêve contemporain. Leur musique représente l’âme qui flotte à quelques centimètres de chaque boite crânienne, une bulle matérialisant l’inconscient.
L’univers des Jezabels est connu de certains et reconnu des professionnels, puisque Synthia est le second album du groupe, et que le premier a été moultement récompensé au pays des kangourous et des bushs sauvages.
Je ne connais de l’Australie que ce qu’on a bien voulu m’en dire et de ce qui est publiquement divulgué, The Jezabels m’entraînent dans un onirisme qui colle parfaitement aux pays lointains et encore inexplorés. Ils seront donc mon Australie, le temps d’une écoute. Avant de filer en transhumance de l’autre côté du globe, vous aurez forcément jeté un œil au visuel de l’album que je lis comme deux visages d’une femme, la déterminée portant la mélancolique, ou la triste poussant la bornée.
Une bulle féminine, dans tout ce que les femmes comportent d’ambivalence et d’universel : le perpétuel combat entre force intérieure et la fragilité latente. Je n’ai jamais compris le fonctionnement des hommes, mais je peux vous assurer que les femmes sont ainsi : les larmes ne sont qu’impuissance et colère, les rires sont soulagement et incompréhension. Et l’écoute de Synthia illustre l’idée.
Fermez les yeux, vous y êtes. Les cordes vrillent, la basse devient parfois électronique, la wave ondule, et cette voix… Quelle voix… Surgie des embruns flous, elle monte et descend avec une aisance bluffante, à la fois douce et puissante, elle est soulignée avec justesse par les musiciens qui l’accompagnent.
L’alchimie des êtres et des sons fonctionne parfaitement sur l’album, l’écoute est un voyage entre passé et présent, tout en grâce et délicatesse, The Jezabels offre un moment d’ailleurs. Avec la bienveillance d’une mère et la complicité d’une sœur, l’évidence de l’amitié et l’harmonie des silences partagés.
Synthia envoie dans les nuages, apaise et réconforte, sauvage et distingué… Les qualificatifs se bousculent pour les illustrer, à vous d’y poser les vôtres. Jetez-y une oreille. Ou deux.
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