Devant des gens est l'album live que les Joyeux Urbains offrent à tous les fans qui les ont suivi depuis près de 10 ans sur toutes les scènes de France et de Navarre qu'ils ont partagées avec d'autres comme les Wriggles et Debout sur le zinc.
Créé par deux compères aux noms évocateurs, Arnaud Joyet et Emmanuel Urbanet, et rejoints par Mathieu Rieusset et David Roquier, le quator des Joyeux Urbains pratique la chanson "musette à tendance acousticalternative" sur une orchestration tonique qui rappelle les petits groupes qui, sur une estrade de fortune, animaient les bals des 14 juillet d'autrefois sur la place du village entourée de tilleuls après la pétarade avortée du feu d'artifice noyé sous l'orage quand la bâche détrempée de la buvette s'effondrait sur le nez fleuri des aieuls venus se rincer le gosier en douce pendant que leurs moitiés se faisaient offrir un tour de piste par les conseillers municipaux.
L'enregistrement en live est révélateur : les rires qui ponctuent les chansons ou les pauses attestent qu'il s'agit de chansons à voir. Car Les Joyeux Urbains sont des saltimbanques, comédiens et musiciens, metteurs en scène d'histoires racontées en musique avec une instrumentation tonique et entraînante, du glokenspiegel au xylophone en passant par l'accordéon et le piano.
Ils campent des portraits cocasses et hauts en couleur ("La petite peste") que la simple audition peine à restituer.
Les textes vifs, voire incisifs, regorgent de jeux de mots à la mordsmoil… et d'allitérations parfois saupoudrées d'absurde ("Achète un chien" "Si tas mal au dents un berger allemand si tu pète les plombs achète un griffon…Si sa truffe est anormalement chaude et qu'elle est entourée de frites alors c'est un steak haché") même quand ils parlent d'amour ("Mon courage à deux mains", "Marguerite").
Les Joyeux Urbains puisent dans tous les registres musicaux : de la java pour la domination soft avec "L'épingle à nourrice" ("Je vais te faire l'amour au couteau/Je vais te tirer à 4 épingles") à la chanson de cabaret ("Les as des arts martiaux" sur une fantaisie chinoise rappelant les Frères Jacques) et usent sans complexe du clin d'œil musical, pastichant le rap avec "Va chez ta mère" ou le reggae de Tonton David "Chacun sa croûte".
Parmi les titres originaux, une reprise pas piquée des hannetons : celle customisée et supervitaminée du standard de Guy Beart "Il n'y a plus d'après".
Les fans ultimes se rueront sur cet album aux vertus de madeleine. Pour les autres, mieux vaut les découvrir sur scène.
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