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puce Une maison de poupée
Théâtre Le Lucernaire  (Paris)  janvier 2017

Comédie dramatique adaptée de l'oeuvre éponyme de Henrik Ibsen, mise en sècne de Philippe Person, avec Florence Le Corre, Nathalie Lucas, Philippe Calvario et Philippe Person.

Avec un format raccourci à une heure trente, une distribution resserrée aux pricipaux protagonistes et une structure composée des percutantes scènes bilatérales de confrontation et dépoussiérée de tout anecdotisme, Philippe Person propose une adaptation réussie de "Une maison de poupée".

Conforme à l'esprit de la partition originale, inclus ses quelques traits d'humour, ce condensé atteste que, bien que datant de 1879, cette "tragédie de notre temps", telle que qualifiée par son auteur Henrik Ibsen, ne s'avère ni désuète ni surannée.

Car elle fut écrite dans un contexte de crise des valeurs et des traditions matrimoniales qui connait une résonance contemporaine et est nourrie de philosophie morale qui annonçait tant l’existentialisme sartrien que l’actuel individualisme généralisé.

Quant à la situation liée à l'incapacité juridique de la femme qui constituait la norme, elle perdure dans d'autres sociétés que celles occidentales et, de fait, la situation de subordination et/ou d'inféodation patriarcale existe toujours même de manière résiduelle dans les premières.

De surcroît, l'émancipation féminine n'est pas le coeur de cible de l'opus même s'il s'inscrit dans le registre du théâtre de la conjugalité cher aux dramaturges scandinaves et du drame des sexes.

En effet, Nora, la "poupée" aimée qui vit dans sa maison tel un oiseau dans une cage dorée sans connaître les vicissitudes de la vie et est passée sans heurt de l'autorité paternelle à la tutelle maritale, ne s'insurge pas contre cette sexuation sociale et n'est pas en quête spontanée d'émancipation, celle-ci n'étant qu'une conséquence collatérale de la lucidité brutale et de la désillusion.

Sa seule manifestation d'une volonté personnelle a été d'obtenir un emprunt de manière délictueuse pour faire face aux frais de santé de Torvald, son mari, acte qu'elle considère comme son secret et sa fierté.

Car Nora, tout comme son amie Kristine qui a renoncé à sa vie personnelle et à son amour pour Krogstad en acceptant un mariage vénal pour subvenir aux besoins d'une mère malade et de frères en bas âge, appartient à cet archétype féminin caractérisé par l'oblation de soi, telle une vocation genrée, qui ne se réalise que par le dévouement, voire le sacrifice, au bénéfice des êtres aimés, et qui, face à un état de nécessité, essentiellement pécuniaire, agit selon son propre code moral.

Le drame, qui tient à la révélation de la vérité, survient quand Torvald, avocat des nobles causes sans client qui s'est reconverti dans la banque et promu directeur, licencie un employé qui n'est autre que Krogstad, un de ses amis et ex-avocat indélicat, qui, également confronté à un état de nécessité, celui de l'éducation de ses enfants, va s'adonner au chantage auprès de Nora puis à la délation.

A travers la configuration de ce quatuor empêtré dans une toile d'araignée d'affects, deux couples et deux duos fonctionnant tous en miroir, Henrik Ibsen décline plusieurs thématiques imbriquées dont le drame du couple, construction utopique dont l'éventuelle viabilité exige une sincérité et une reconnaissance réciproques, la contestation des contraintes sociales comme autant d'obstacles à un épanouissement personnel.

Et surtout le dilemme moral placé sous le principe de la sexuation des conceptions morales, avec l'éthique masculine de l'honneur, synonyme de considération et de respectabilité sociale, chapeauté par le pharisaïsme bourgeois, et celle féminine sur la vertu et la morale humaine.

Epurée mais efficace et avec une contextualisation confortée par les brefs extraits de tubes rock des sixties des inserts transitionnels, la mise en scène de Philippe Person vise à l'essentiel pour enchainer, dans un décor minimaliste et impersonnel quasi-hopperien de Vincent Blot, des scènes courtes en bilatéral sans déperdition dramatique.

Egalement au jeu, il interprète avec sobriété l'inquiétant Krogstad tout comme Nathalie Lucas qui campe Kristine, celle qui ne se se départira jamais de sa destinée compassionnelle et Philippe Calvario est parfait en mari lâche, mesquin et condescendant sous le masque de la rigueur morale, capable des pires compromissions pour sauver "son" honneur.

Avec sa fine silhouette de Tanagra, Florence Le Corre incarne avec beaucoup de sensibilité la jeune femme révélée qui va manifester une détermination et d'une force exemplaires pour sortir des décombres de sa vie dévastée.

La direction d'acteur de Philippe Person étant très tenue, Philippe Calvario et Florence Le Corre délivrent de manière magistrale l'ultime scène qui revêt une intensité sidérante et une humanité bouleversante.

 

MM         
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