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Interview  (Montpellier)  décembre 2016

Après avoir chroniqué le dernier album de Tristen, conversé avec lui grâce aux réseaux sociaux, quelle surprise de se rendre compte que l’artiste vivait à quelques kilomètres de chez moi ! La rencontre était alors inévitable, premier interview pour moi, belle rencontre aussi, autour d’un verre de thé par un après-midi maussade. Avec peu de moyens techniques d’enregistrement, la discussion s’installe et je découvre un artiste simple et sympathique.

Tristen, qui es-tu ? D’où viens-tu ?

Sébastien Pasquet : Je suis né à Toulon il y a très longtemps, j’ai vécu à Paris les 13 dernières années et me voilà à Montpellier depuis une petite année.

Pourquoi ce nom Tristen ?

Sébastien Pasquet : Et ben, j’ai l’impression de répondre souvent à cette question. La réponse serait : "et pourquoi pas ?". Il n’y a pas vraiment de sens profond à ce choix. C’est un nom qui me fait voyager, qui me rappelle la Bretagne, les esprits celtes que l’on ne retrouve pas vraiment dans ma musique par ailleurs. Cela sonne bien et pour moi ça s’arrête là, il n’y a pas de signification particulière.

Depuis combien de temps es-tu dans la musique et comment es-tu venu à la musique ?

Sébastien Pasquet : Alors depuis combien de temps je suis dans la musique, depuis plus de 20 ans. En fait, j’y suis venu de façon assez rigolote. Je me souviens assez bien, c’était quand j’étais en classe de seconde, on revenait d’un cours d’EPS et j’ai un copain qui a dit : "ça serait bien qu’on fasse un groupe, moi je ferai de la guitare", un autre a dit : "moi je ferai de la basse" et moi tout simplement, comme je ne voulais pas être exclu, j’ai dit "que je ferai de la batterie", l’instrument qui restait. Le truc rigolo ensuite a été de l’annoncer à mes parents. Il a fallu prendre des sous sur le livret pour acheter une batterie. Je jouais dans des groupes de rock des reprises de Pink Floyd au lycée.

Après les choses se sont un peu affinées, les goûts musicaux aussi. J’ai été dans plusieurs groupes, dans le Sud, à Toulon où je suis né et ensuite à paris où j’ai vécu 13 ans. La scène rock inde parisienne m’a beaucoup attiré, j’ai joué dans beaucoup de groupes comme batteur surtout, mais aussi parfois comme bassiste. Et puis, au fur et à mesure, toujours dans la scène indie pop, j’ai pu jouer avec des groupes qui étaient connus à Paris comme Porco Rosso ou C++, Folks. On a fait des tournées, des dates…

Venons-en à l’album, comment as-tu abordé sa création et as-tu rencontré des difficultés pour le faire ?

Sébastien Pasquet : Pour la création de cet album, j’ai voulu contrairement aux deux premiers m’approprier un peu plus l’écriture, les textes, parce que autant la musique j’ai quasiment toujours tout fait autant les textes ça a toujours été un peu compliqué. Je manquais de confiance en moi.

Sur les deux premiers albums, j’avais l’angoisse de la page blanche, la fameuse angoisse et c’était souvent des personnes autour de moi qui me proposait des textes, notamment ma femme, et moi j’amendais dessus, je faisais des propositions, je bidouillais. Sur ce troisième album, j’ai vraiment voulu partir de moi, de mon écriture, et ça a été difficile parce que un jour ça venait pas, un autre jour ça ne venait toujours pas, le troisième jour quelques mots, etc. J’ai finalement quasi tout écrit entre mes pauses de midi à deux, au boulot, je me souviens, au rectorat de Créteil, avec vue sur l’autoroute. J’écrivais mes chansons, ça n’a rien de bucolique. Petit à petit, les chansons ont fini par venir et le soir, en rentrant à la maison, je prenais la guitare et j’essayais de trouver des mélodies sur ces textes.

Trois ans ont passé et l’album s’est matérialisé. Pendant ces trois ans, j’ai écrit, j’ai enregistré, j’ai mixé. Les difficultés, ce sont plus des difficultés organisationnelles car comme j’ai un boulot pour gagner ma vie, je ne suis pas à temps plein à l’écriture, à l’enregistrement. A cause de cela, le temps se dilate et on se rend compte que trois ans ont passé alors que l’album aurait pu se faire en un an si j’avais été à temps plein sur cet album, ou moins de temps je ne sais pas...

"Les couleurs et les formes", pourquoi ce titre ? Quels sont les thèmes abordés dans ton album ?

Sébastien Pasquet : "Les couleurs et les formes", ce titre est issu de la première chanson, les structures de l’automne. A un moment dans le refrain, je parle des structures, je dis "es couleurs et les formes". L’album aurait donc aussi pu s’appeler les structures de l’automne. Pour moi, les couleurs et les formes, c’est un titre presque graphique, comme une œuvre de Mondrian, c’est un reflet de ma nature contemplative. Pourquoi les formes aussi, car j’ai un côté, j’ai fait des études de maths, j’ai été  professeur de maths, et j’ai une fascination pour les structures des choses, je peux être en contemplation devant certaines formes, celles des arbres dans le vent, celles des nuages, comme un enfant.

Et puis ce côté structurel, ce côté forme, je l’ai vachement rencontré dans mes études de mathématiques, j’ai toujours été fasciné par la beauté des mathématiques, son côté formel, une certaine poésie, et je ne fais pas la différence entre des chansons et des très beaux théorèmes que j’ai pu voir pendant mes études de mathématiques. Donc pour moi, ce titre, les couleurs et les formes, c’est un peu tout ça, cette fascination, cette contemplation sur les formes.

Quels sont les thèmes abordés dans ton album ?

Sébastien Pasquet : Les thèmes abordés sont de façon un peu égocentrique, moi ! Moi et encore moi ! J’ai du mal à parler des faits de société, il y a des chanteurs qui le font mais je ne me sens pas du tout proche de ce courant-là. Cela va peut-être être très prétentieux ce que je dis, désolé mais je crois beaucoup à ce côté artistique, déconnecté de la réalité. En tout cas moi, c’est ce que j’aime entendre quand j’écoute des chanteurs. Je n’aime pas trop qu’ils me racontent des histoires du quotidien, quoique ça se discute car j’aime beaucoup Vincent Delerm mais pas du tout Bénabar. Pour mes propres chansons, ça parle toujours de moi, que ce soit à la première ou à la deuxième personne, d’une manière ou d’une autre, fantasmée, extrapolée, ou au contraire sous des vrais souvenirs. On est en plein dans le cliché du chanteur égocentrique mais bon, assumons.

Venons-en à cette reprise d’Aloha Aloha, la fin du monde. Quel intérêt de la mettre sur ton album ?

Sébastien Pasquet : C’est la seule chanson que je n’ai pas écrite sur l’album. Ce groupe Aloha Aloha, qui s’appelait avant Porco Rosso, est un groupe d’initiés à Paris qui n’a pas eu, malheureusement, un rayonnement national avec un chanteur formidable qui écrit des paroles fantastiques. J’ai eu la chance de jouer avec lui pendant quelques années comme batteur et cette chanson, la fin du monde, on la jouait et à chaque fois, je devais retenir mes larmes tellement je la trouvais magnifique. Je t’encourage d’ailleurs à aller l’écouter en version originale. Moi j’ai voulu reprendre cette chanson car je la trouvais super bien écrite.

Est-ce un choix de ne chanter qu’en français ?

Sébastien Pasquet : Oui, c’est d’ailleurs un choix de plus en plus assumé. Au départ, comme beaucoup de gens de ma génération, je chantouillais, j’anglouillais, je bidouillais, je chewingoumais avec ma guitare. Je faisais des chansons en anglais mais j’ai rapidement compris que c’était une façon pour moi de ne pas assumer que j’étais chanteur, de me cacher derrière quelque chose.

Et puis on m’a aussi par ailleurs beaucoup conseillé de chanter en français. Pour mon premier album, le patron de mon label m’a demandé de ne chanter qu’en français. L’un dans l’autre, je suis allé dans cette voie et je suis content parce que, en vieillissant, c’est une chose qui me correspond et je me reconnais là-dedans. Je trouve très dommage que plein de groupes français chantent en anglais. Moi j’ai un besoin d’authenticité. J’adore les groupes du fin fond des USA qui chantent en anglais, des groupes anglophones écossais qui chantent en anglais parce que c’est leur culture avec un fond d’authenticité que cela soit par l’accent, la langue ou même les références culturelles.

Du coup, un chanteur français pour moi, bêtement, doit chanter en français. Alors c’est super rigide, peut-être, mais j’ai du mal avec les groupes français qui chantent en anglais car je ne sens pas cette authenticité, à l’exception près de Syd Matters que j’ai adoré voire adulé. Je trouve néanmoins que maintenant les groupes français chantent de plus en plus en français, assument de plus en plus, le français n’est plus ringard, il devient de plus en plus à la mode. Il existe ce consortium, La Souterraine, qui a hébergé mon album, qui met en avant les artistes qui ne chantent qu’en français ; il y a finalement une scène Indie en français qui existe et je suis content d’en faire partie quelque part.

Quelles sont tes influences ? Où te situes-tu sur la scène française ? De qui te sens-tu proche ?

Sébastien Pasquet : Forcément, c’est difficile de résumer car souvent on est la somme de plein d’influences. Je ne déroge pas à la règle, je suis à la fois proche d’artistes comme Véronique Sanson qui a bercé mon enfance avec le lyrisme touchant de ses superbes premiers albums mais aussi de personnes issues de la scène indépendante comme Tortoise ou Mike Patton, chanteur de Faith No More, génial touche-à-tout. Je me sens donc un peu attiré par tous ces mondes.

Par rapport à la scène française actuelle, il y a des gens que j’aime beaucoup comme Bertrand Belin, que j’ai vu en concert il y a un mois à Montpellier, concert où j’ai pris une grosse claque. Il fait partie des gens qui créent quelque chose avec du français et musicalement ce n’est pas ringard du tout, c’est super intéressant. Il va de plus en plus vers quelque chose d’épuré et de personnel. J’aime aussi dans une écriture plus classique, quelqu’un comme Bastien Lallemant qui a des chansons très belles et puis il y a aussi les petits nouveaux, sans faire le chauvin, avec deux groupes fantastiques de Montpellier, Volin et Iaross qui font une musique incroyable en français. Je suis devenu copain avec eux.

Quelles sont tes envies ? Tes projets et tes ambitions ?

Sébastien Pasquet : Alors je n’irai pas jusqu’à dire de vivre de ma musique car j’en suis bien loin mais continuer à pouvoir faire des albums de façon artisanal en fédérant autour de gens quels qu’ils soient, musiciens, professionnels. A Paris, j’avais un groupe on était 5 sur scène, ça tournait bien on était super content. Donc voilà pour moi, c’est essayer de faire de mon côté des choses de mieux en mieux, de plus en plus épurées, de plus en plus détachées de contingences matérielles. Et puis essayer de séduire, de toucher des gens autour de moi, de faire des concerts, ce que j’ai toujours fait, que je continuerais à faire.

As-tu des concerts prévus ?

Sébastien Pasquet : Oui, le prochain concert est à paris le 13 janvier 2017 à L’Alimentation Générale en co-plateau avec Volin, le groupe de Montpellier.

Y a-t-il des gens avec qui tu rêves de travailler ?

Sébastien Pasquet : Oui bien sûr, on a tous des rêves. Avec David Bowie ! Merde, il est mort. Si un jour je pouvais ré-approcher Bertrand Belin ou Mathieu Boogaerts que j’ai croisés quand j’étais stagiaire en studio d’enregistrement. C’était super de les côtoyer mais travailler avec eux de pair à pair, c’est autre chose. En fait, je ne pose pas trop ces questions. Déjà si je peux toucher des gens c’est super, après, qui m’aime me suive ce sera bien.

Pour finir, qu’as-tu pensé de l’année 2016 ?

Sébastien Pasquet : Je suis un peu passé à côté de cette année par rapport à ma vie personnelle, déménagement, chercher un travail, naissance de mon deuxième fils, préparation de mon troisième album. J’ai écouté beaucoup de chose mais pas retenu grand-chose. Cette année fut pour moi un grand tourbillon.

 

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En savoir plus :
Le site officiel de Tristen
Le Bandcamp de Tristen
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Jean-Louis Zuccolini         
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