Mathieu Bablet, né en 1987 à Grenoble, a fait ses armes à l'école de l'ENAAI à Chambéry. Shangri-La est le troisième album de ce jeune auteur / illustrateur.
Une allégorie sur la société actuelle, la société dite "moderne", voilà ce qu'est Shangri-La. L'action se situe dans un futur proche et est une critique sur la société de consommation avec son consumérisme à outrance et ses conséquences, le racisme ordinaire, l’hyper-sexualisation de la publicité et des hommes qui veulent se surpasser quitte à se prendre pour Dieu. La politique, l’écologie, l’économie, la science, la religion, tous les thèmes sur notre société y sont critiqués. La vision de ce que nous sommes est illustrée et décrite de façon juste et vraie. Petit défaut néanmoins, certaines références sont peut-être trop évidentes mais cela ne gâche en rien une narration ficelée.
La terre n'est plus viable, la faute à nous, êtres humains avides de technologie, de rendement et de surproduction. L'humanité entière est condamnée à vivre dans un vaisseau en orbite au dessus de la terre, vaisseau régi par une société de corporation pour qui nous travaillons et consommons, une sorte de prison où l’homme ne pense plus par lui-même mais est gouverné par ces pulsions de consommations. Malgré cet enfermement quelques individus essaient de trouver une solution alternative pour se libérer de ce système qui les manipule. Chaque corporation a sa solution, mais sont-elles vraiment légitimes ?
Ce qui intéresse Mathieu Bablet c'est la notion de cycle, toute vie a un début et une fin et cela en continu. Voilà un thème cher à cet auteur et dessinateur, thème que l'on retrouve dans ses deux précédentes BD La belle mort et Adrastée avec une réédition en un seul volume en 2016. Révolte, joie, tristesse, espoir, désespoir, et fatalité. Bien que le trait des visages de ses personnages soit plutôt lisse, Mathieu Bablet arrive très bien à nous faire ressentir les différentes émotions de ses héros. Cela grâce à des illustrations détaillées, certaines planches sont baignées d'une ambiance colorielle qui segmente et donne une seconde dimension au récit tout en ponctuant son œuvre.
Pour finir ce chapitre, je dirai que Shangri-La est un one-shot qui fait réfléchir et nous transporte dans l'univers d'un auteur inspiré et inspirant.
# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine
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