Comédie dramatique d'après un recueil de chroniques de Alain Rémond, mise en scène de Aurélie Bouquet, avec Marianne Ayama et François Audoin (en alternance Etienne Bianco).
Si l'on compte les continents, il y en a cinq sur la surface de la terre. Un sixième, l'Atlantide, est englouti sous la mer. Quant au septième, on admet généralement qu'il est composé des déchets plastiques qui se sont amalgamés. Dans "Un été sur le 7ème continent", les choses sont un peu différentes et le continent surnuméraire à l'heure du numérique est un méli-mélo d'objets pas si inanimés que ça et qu'il va falloir au contraire réanimer, qu'ils soient des lave-vaisselle ou d'étranges créatures recyclées. Comment y accède-t-on ? La réponse n'est pas évidente et l'on n'aura pour précédent que l'exemple décrit dans "Un été sur le 7ème continent". C'est-à-dire celui d'un phobique du cintre qui n'a pas conscience que sa haine auto-cintrée va le conduire dans un univers où s'accumulent les objets malades, dans un capharnaüm pour brocanteurs ou pour poètes. Tiré du recueil de chroniques "Le Cintre était sur la banquette arrière" d'Alain Rémond, texte fourmillant d'observations quotidiennes, "Un été sur le 7ème continent" est avant tout la rencontre d'un homme pas à son meilleur avec une femme exubérante, mais crevant de solitude, qui survit selon les règles non-écrites d'un monde d'objets-rois facétieux et zarbis. Ce triomphe d'un absurde, qui est pourtant déjà le lot quotidien de nombre d'habitants des continents terrestres, déconcerte et inquiète au premier abord. Mais quand on est deux, de bonne compagnie, et excellemment interprétées par François Audoin et Marianne Ayama, par ailleurs adaptatrice du livre d'Alain Rémond, on a moins peur. On finit alors par prendre du plaisir à vivre dans un bric-à-brac rendu bien bric-à-brac par la scénographie de Florent Burgelin. Ce septième continent pas commun est, après tout, aussi vivable que les autres et peut-être plus propice à rêverie. Et, curieusement, on en vient à trouver quelques ressemblances entre ce septième continent et des mondes animés, comme celui de "Wall-E", ou mieux encore quelques affinités avec les univers de Hayao Miyazaki, tel celui du "Voyage de Chihiro". Les enfants réceptifs à la féérie du Japonais devraient aimer cet atmosphère ludique et onirique mis en place patiemment par Aurélie Bouquet, la metteuse en scène. Evidemment, cette entreprise paradoxale, qui détourne des choses infiniment matérielles pour qu'elles deviennent le moteur de l'irréel, a encore besoin de temps pour s'installer solidement. Faire croire à l'existence d'un pays parallèle où les rêves ne sont pas cucul la praline n'est pas tâche aisée. Aurélie Bouquet et ses comédiens s'y emploient et l'on ne doute pas qu'ils y parviendront assez vite. |