A l’ombre des mauvais Jul et autres PNL se trouvent des jeunes artistes méconnus qui ont le mérite d’exister de par leur talent d’écriture et de composition. Evidemment, sortis des sillons tracés par les grandes maisons de disques, il leur est évidemment compliqué d’avoir la même résonnance sur les bandes FM. Reste qu’ils sont présents et qu’ils nous proposent de jolies choses.
Pierro fait partie de ces artistes avec son album Trente trois tours sorti au cours de l’année 2016, découvert, pour ma part, au hasard d’une discussion avec une de mes collègues. Belle découverte pour ce mois de janvier, une de plus. Bel objet aussi avec ce disque, témoin d’une réelle recherche artistique et plastique.
Pierro, alias Pierre Rochefort, est un artiste ayant déjà trois disques à son actif, qui est présent aussi sur les planches, vu récemment dans le très bon film Marie et les naufragés de Sébastien Betbeder. Aussi à l’aise sur les planches que derrière les micros, Pierro nous livre un album énervé parfois mais jamais énervant, composé de 10 morceaux mélange de hip-hop, rap et slam. A y regarder et écouter de plus près, le nom du disque aurait pu être "Pierro et ses potes" tant l’artiste a su s’entourer de rappeurs confirmés tel UDADA, INDI.K et LOREN pour la production et la composition des 10 titres de l’album, sa femme Inès jouant au piano sur 3 titres, particulièrement agréables.
L’album démarre justement par un premier titre "Kaléidoscope" où l’artiste slam sur le piano de sa muse (c’est lui qui le dit dans les remerciements) nous expliquant ses choix et goûts musicaux à travers un morceau court. Belle entrée en matière. S’enchaînent alors des titres plus énergiques, mélange de hip-hop et rap avec "Le trente et le trois" et "Lunettes noires sur nuits blanches", titre sur lequel UDADA vient le rejoindre. Bon titre qui n’est pas sans nous laisser penser aux grandes heures du groupe IAM.
"Les étincelles", morceau suivant est un titre collectif sur lequel Pierro s’entoure des tous ses acolytes notamment L’Azraël, peut-être son plus fidèle. 6 minutes de rap où ses potes enchaînent un flow les uns après les autres avec pour but de mettre le feu aux poudres.
"Casse le monde" et "Taxi driver" (belle référence cinématographique) sont deux morceaux plus calmes, beaucoup plus lents et reposants. Toujours accompagné, par Y sur la première puis INDI K sur la seconde, ambiance feutrée d’un coté, petites sonorités pop pour l’autre.
Retour au piano de celle qu’il appelle son socle ensuite (toujours sur les remerciements) pour un très joli morceau au nom de "Grande ville". Du slam encore, quelques accords de piano simples mais pas simplistes, un texte ciselé court, un peu trop court peut-être. L’enchaînement avec la suivante, featuring LOREN, est néanmoins parfait. Terrible duo chanté en français et en espagnol. "Mia Sangre" est un vrai bon morceau de rap. De nouveau, les fantômes d’IAM sont présents sur ce titre.
L’album se termine par deux titres, "Le trente et le quatre", morceau musical puis "Dernières quelques phrases", morceau style Abd al Malik, court sur lequel l’artiste prononce ses derniers mots, accompagné au piano par sa femme.
Pierro nous livre donc un album aux influences musicales nombreuses, assit sur des mots drôles et graves, où le verbe prédomine toujours pour le plus grand bonheur de nos oreilles. Il nous livre une fresque rythmée et poétique posée sur des samples efficaces (parfois surprenants avec France Gall) et de véritables instruments.
Allez faire un petit tour dans son univers, vous risquez d’être conquis.
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