Comédie de Molière, mise en scène de Emmanuel Besnault, avec Benoit Gruel, Schemci Lauth, Geoffrey Rouge-Carrassat, Deniz Turkmen et Manuel Le Velly.
Après "Il était une fois… Le Petit Poucet", la Compagnie de L’Eternel Eté a choisi de revisiter l’un des plus célèbres classiques de Molière : "Les Fourberies de Scapin". Tout en gardant le texte original, juste resserré pour une version courte d’un peu plus d’une heure, le jeune metteur en scène prodige Emmanuel Besnault, sorti du Conservatoire National et déjà à la tête de nombreuses réalisations, réussit un coup de maître. A l’aide d’une merveille de scénographie dont il est aussi l’auteur : trois panneaux de bois qui se transforment à volonté en portes et plan incliné ou haut mur, le jeune surdoué propose une version totalement géniale, truffée de clins d’œil, de gags et bourrée d’énergie où le collectif domine avant tout. Ici, Scapin, plus enfant farceur que roublard (formidable Geoffrey Rouge-Carrassat, un nouveau venu dont on reparlera, qui joue avec une aisance confondante) est aidé par ses amis Léandre, Octave et leurs dulcinées pour jouer des tours aux vieux barbons Géronte ou Argante (les extraordinaires Schemci Lauth et Manuel Le Velly) comme des gamins qui feraient une bonne farce. Dans un feu d’artifice d’action, toute la troupe (Benoît Gruel et Deniz Turkmen, excellents eux-aussi, ne sont pas en reste) concourt à la réussite de cette version virevoltante et totalement impressionnante où Emmanuel Besnault, celui qui a été un grand Arlequin ("Arlequin, valet de deux maîtres" à la Comédie Italienne), met tout son savoir-faire de commedia dell’arte et son intelligence de la scène au service d’une fantaisie terriblement enthousiasmante, débridée, joyeuse et explosive où le spectateur s’émerveille des trouvailles permanentes et se régale des facéties de cette bande de copains qui s’amusent. Le tout avec une précision de tous les instants, gestuelles et mimiques au diapason. L’ambiance musicale (dirigée par Manuel Le Velly) qu’ils interprètent avec cœur dans la grande tradition du théâtre de tréteaux parachève cette belle réussite. Il y a du soleil dans leurs rires et dans leurs chants (aux accents d’Espagne ou d’Italie), c’est l’été avant l’heure ! Et le public ne s’y trompe pas, qui applaudit à tout rompre ce spectacle doté d’une énergie et d’une virtuosité qui forcent le respect. Courrez-y ! |