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puce Les Mille Talents d’Eurídice Gusmão
Martha Batalha  (Editions Denoël)  janvier 2017

Du Brésil où elle a fondé sa maison d’édition, aux Etats-Unis où elle écrit son premier roman et consacre désormais son temps l’écriture, le chemin est sinueux et certainement semé d’embuches. Mais Martha Batalha a su les dépasser avec courage pour nous offrir ce premier roman Les mille talents d’Eurídice Gusmão, genre de Desperate housewives du siècle dernier.

Le roman relate la vie d’Eurídice, tant de ses activités que de ses sentiments. Née dans le Rio des années 20, dans un monde aux mœurs sociales strictes, la vie des femmes est inévitablement menée par les hommes de leur entourage. A commencer par leur père, sorte de patriarche éternel qui s’octroie la pluie et le beau temps dans la famille. L’autorité du père laisse forcément place à celle du mari. Et la femme se doit de tenir la maison, élever les enfants et être souriante et lui tendre ses pantoufles et le journal repassé quand il revient fatigué de son travail.

Quand je pense que nous nous plaignons encore, alors qu’Eurídice a plus de matière pour être malheureuse que les femmes du XXIème siècle. Toujours est-il qu’elle ne s’abandonne jamais, non jamais de jamais au désespoir, ni même à la rébellion. L’homme ordonne, la femme exécute. C’est ainsi depuis toujours, à quoi bon contester si ce n’est pour récolter des reproches, voire des cris ? Plongé dans l’ambiance du roman, impossible de ne pas trouver une certaine sécurité dans cet ordre bien établi.

Mais Eurídice s’ennuie dans cette routine quotidienne. Les femmes de son quartier, logées à la même enseigne qu’elle, ont quant à elles développé des traits de caractères liés à leur condition de soldat : l’une a décidé d’être méchante, l’autre est une commère prolixe, la plupart sont aussi dociles qu’Eurídice. Elles ont de l’éducation et ne porteront pas le poids d’une honteuse rébellion au nom de la famille, sous peine d’abandon total. L’amitié n’est jamais nommée, mais la solidarité tient une place chuchotée, parce que si l’homme apprend que la femme est heureuse en son absence, le scandale risque d’éclater.

Dans ce monde pas si éloigné, il ne vient pas à l’idée à une femme docile comme Eurídice de proposer à un rustaud d’aller se faire cuire un œuf, ou d’avoir la moindre répartie. Elle porte sur les épaules le destin de sa sœur déserteuse (forcément brillante, et bien aimée du paternel à cause de son espièglerie mutine), le regard de ses parents lui fait penser qu’elle est une pauvre fille dans envergure. Ce à quoi elle croit dur comme fer.

L’histoire pourrait être tristoune comme tout, mais que nenni, Martha Batalha décrit Eurídice comme une femme heureuse qui n’exprime pas son bonheur. Et quand elle s’ennuie, et bien elle se trouve des activités, elle ne s’ennuie jamais. Sans en parler à son mari, de toute façon, ce que fait sa femme en son absence lui est égal, pourvu qu’un repas l’attende quand il rentre.

Elle commence par la cuisine, toutes les recettes des chefs y passent. Et c’est devant les réflexions de son dominant qu’elle cesse les fourneaux (l’homme fait la moue devant les parfumées sauces marrons et les agencements inhabituels de bidoche). Puis Eurídice apprend les techniques, crée ses patrons et se lance dans la couture à titre personnel, puis pour son quartier. Son affaire prend de l’ampleur, sa réputation grandit tant qu’elle doit embaucher pour honorer les commandes. Et lorsqu’il s’aperçoit à quoi sa femme occupe le temps qu’il passe loin d’elle, il n’a pas à argumenter longuement pour qu’elle cesse toute activité du jour au lendemain. Docile. Sans histoire. Don’t panic, Eurídice a d’autres tours dans son sac, dans son tablier plutôt…

Desperate housewives, moins bling-bling, inouï de réalisme, Les Mille Talents d’Eurídice Gusmão se situe pile-poil à la frontière de la fiction et du témoignage authentique. Voilà de quoi mesurer le chemin parcouru, celui qu’il reste à faire et s’incliner modestement en direction des femen qui se battent encore pour l’indépendance.

 

En savoir plus :
Le site officiel de Martha Batalha
Le Facebook de Martha Batalha


Nathalie Bachelerie         
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# 17 mars 2024 : le programme de la semaine

De la musique, des spectacles, des livres. Aucune raison de s'ennuyer cette semaine encore. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.

Du côté de la musique:

"Almost dead" de Chester Remington
"Nairi" de Claude Tchamitchian Trio
"Dragging bodies to the fall" de Junon
"Atmosphérique" de Les Diggers
quelques clips avec Nicolas Jules, Ravage Club, Nouriture, Les Tambours du Bronx, Heeka
"Motan" de Tangomotan
"Sekoya" de Tara
"Rita Graham partie 3, Notoriété", 24eme épisode de notre podcast Le Morceau Caché
et toujours :
"Scars" de Greyborn
"Rooting for love" de Laetitia Sadier
"Quel est ton monde ?" de Olivier Triboulois
"Letter to self" de Sprints
"TRNT best of 1993 2023)" de Tagada Jones
"Beyond the ridge" de Wildation
Quelques clips chez YGGL, Down to the Wire, Malween, Lame, For the Hackers et Madame Robert

Au théâtre

les nouveautés :

"Une vie" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Le papier peint jaune" au Théâtre de La Reine Blanche

"Lichen" au Théâtre de Belleville
"Cavalières" au Théâtre de la Colline
"Painkiller" au Théâtre de la Colline
"Les bonnes" au théâtre 14
et toujours :
"A qui elle s'abandonne" au Théâtre La Flêche
"Les quatres soeurs March" au Théâtre du Ranelagh
"Mémoire(s)" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"N'importe où hors du monde" au Théâtre Le Guichet Montparnasse
"Quand je serai un homme" au Théâtre Essaïon

Du cinéma avec :

"El Bola" de Achero Manas qui ressort en salle

"Blue giant" de Yuzuru Tachikawa
"Alice (1988)" de Jan Svankmajer
et toujours :
 "Universal Theory" de Timm Kroger
"Elaha" de Milena Aboyan

Lecture avec :

"La sainte paix" de André Marois
"Récifs" de Romesh Gunesekera

et toujours :
"L'été d'avant" de Lisa Gardner
"Mirror bay" de Catriona Ward
"Le masque de Dimitrios" de Eric Ambler
"La vie précieuse" de Yrsa Daley-Ward
"Le bureau des prémonitions" de Sam Knight
"Histoire politique de l'antisémitsme en France" Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
"Disparue à cette adresse" de Linwood Barclay
"Metropolis" de Ben Wilson

Et toute la semaine des émissions en direct et en replay sur notre chaine TWITCH

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
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