Monologue dramatique écrit et mis en scène par Christelle Saez et interprété par Tatiana Spivakova.
Avec "Coeur Sacré", la comédienne et metteuse en scène Christelle Saez a pris la plume pour en appeler au Coeur Sacré de l'Homme, ce que l'homme a de meilleur, sa foi en l'homme, pour dépasser les dérives intégristes contemporaines et de la peur de l'autre.
Elle a conçu un monologue dramatique ordonné autour de la situation d'une jeune femme qui renonce à ses croyances et à ses valeurs pour adopter celles de l'homme aimé, de nationalité égyptienne et de confession musulmane, et le suivre dans son pays.
En deux temps et des thématiques imbriquées, dont celle de la condition féminine sujette à de multiples déclinaisons individuelles, elle aborde les différentes motivations attachées au port du voile, largement appréhendé comme un signe ostentatoire de religiosité, et notamment le voile facial porté par les femmes musulmanes dont celles issues de l'immigration.
Oscillant entre charge radicale et incompréhension génératrice de peur, le texte brosse un large panorama du symbole de respectabilité devenu un accessoire de mode, stigmate victimaire de la discrimination, symptôme de repli communautaire, acte politique de revendication identitaire et de refus d'intégration, manifestation adolescente de transgression et de provocation ou affirmation de l'appartenance à une communauté d'élection.
Puis dans un second volet, en contrepoint, surgit la voix de celle qui a consommé la rupture radicale avec ses origines et qui, fascinée par le pays et son amour, a librement accepté les contraintes qu'ils imposent.
Cette belle partition à jouer pour une comédienne est prise à bras le corps par Tatiana Spivakova sous la direction de Christelle Saez avec qui elle partage un long compagnonnage théâtral à deux qui s'est concrétisé par la création de la Compagnie Memento Mori dont "Coeur sacré" constitue la première, et réussie, création sur un texte original.
Au terme d'un jeu organique, cette comédienne et musicienne formée au chant et à la danse classique investit totalement le plateau nu délimité par des cimaises en lin blanc, évocatrices de pages blanches sur lesquelles tout peut s'écrire. Et elle a déjà l'étoffe d'une grande.
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