Après le formidable succès rencontré avec le livre Un parfum d’herbe coupée, Nicolas Delesalle revient avec un nouveau roman Le Goût du large auquel on souhaite de connaître la même reconnaissance.
"Le temps : tout était là, dans ces cinq lettres, cette simple syllabe. J'allais soudain en être riche, ne plus courir après, le nez rivé sur l'ordinateur, le téléphone. Pendant neuf jours, j'allais devenir un milliardaire du temps, plonger mes mains dans des coffres bourrés de secondes, me parer de bijoux ciselés dans des minutes pures, vierges de tout objectif, de toute attente, de toute angoisse. J'allais me gaver d'heures vides, creuses, la grande bouffe, la vacance, entre ciel et mer."
Nicolas Delesalle, journaliste à Télérama, s’est enfermé neuf jours sur un cargo rempli de conteneurs. Il raconte dans son livre ses souvenirs de reporter. Le livre n’est donc pas un roman mais un journal de voyage, un recueil de nouvelles peut-être aussi. Alors évidemment, je vous laisse imaginer que l’on voyage au gré des écrits de l’auteur : Anvers, ville départ, Gibraltar, la Tunisie et l’Algérie, la Sicile, Istanbul, ville d’arrivée.
L’auteur passe ses journées à écrire et contempler l’océan. On y apprend des choses concernant les courants marins mais Nicolas Delesalle en profite aussi pour nous conter ses nombreux souvenirs de reportage, loin des océans. L’Afghanistan, aux mains des affreux talibans, les bouddhas détruits par ses odieux terroristes incultes, l’Indonésie après le terrible tsunami, la frénésie (calculée) d’investissements chinois en Afrique, la démocratie russe selon Poutine, Gaza, la cote d’Ivoire, l’Irak, Tallin, Tombouctou.
Nicolas Delesalle est donc parti sur ce cargo avec aussi son propre conteneur, rempli de nombreuses anecdotes de ses différents reportages, de celles dont ils ne parlent pas dans ses écrits journalistiques. Se retrouvant seul, pendant 9 jours, coupé du monde, sans téléphone, sans internet, il se retrouve et se retourne pour faire le point sur sa carrière journalistique. Et c’est passionnant…
Chacune de ses anecdotes nous transporte dans les quatre coins du monde, nous entraînant dans un dépaysement total. On respire l’atmosphère des endroits qu’il visite, on rencontre des gens différents, on y vit des drames, des situations cocasses, on ouvre des petites portes d’humanité les unes après les autres. Evidemment certaines anecdotes manquent de profondeur quand d’autres auraient mérité plus de détails mais l’essentiel est ailleurs.
Nicolas Delesalle est un grand amoureux du monde et de l’humanité, on le ressent à la lecture de son superbe ouvrage. L’auteur nous captive de la première à la dernière page à travers ses nombreux messages d’espoir et de persévérance. Le côté humain est toujours mis en avant quelle que soit la situation décrite, nous laissant penser que le lire aurait pu aussi s’appeler le goût des autres.
Belle confirmation donc avec ce second ouvrage passionnant. |