Retour sur sa terre d'origine pour le chanteur d'Angil, alias Mickaël Mottet, pour un concert à Saint-Etienne.
La fête de la musique à Saint-Etienne n'est habituellement pas un événement "culturel" incontournable. Cette année pourtant, la programmation nous offrait une prestation à ne manquer sous aucun prétexte : le concert d'Angil.
Je découvre tout juste ce groupe, je l'avoue humblement. Une rapide recherche sur Internet la veille du concert m'avait permis de me faire une idée : c'est simple, Angil c'est une guitare et un violon. Entrée sur scène. Flûte, tout s'écroule : le groupe se compose aujourd'hui de deux flûtes justement, d'un saxo, d'une guitare...
On m'explique le pourquoi du comment : ce groupe à géométrie variable se compose et se décompose en fonction des humeurs de chacun, ce qui permet d'offrir au public des concerts uniques et de laisser une place non négligeable à l'improvisation.
Dès les premières notes le décor musical est posé : rythme et douceur à la fois. La musique se cherche, puis progressivement on comprend où les musiciens veulent en venir, les sons des différents instruments – qu'au départ on aurait pu croire incompatibles - se mêlent peu à peu les uns aux autres pour finalement créer une symbiose unique. S'y adjoint alors le chant, ultime instrument et non des moindres ; la voix est pleine de sensualité, la musicalité de la langue anglaise est complètement maîtrisée, on ne peut que se laisser emporter par le flot continu des différents sons qui s'enchevêtrent, se multiplient, se superposent, et qui en même temps nous surprennent.
Angil est là, devant son public, mais donne paradoxalement l'impression d'être dans un autre monde, son propre monde ; enfermé dans sa bulle, il se concentre sur sa musique et n'a finalement que peu d'échanges avec ceux qui l'écoutent, que ce soit par la parole ou plus simplement le regard. Ce n'est pas un problème : le public qui est là entre spontanément dans son univers sans que l'on ait besoin de le prendre par la main. Angil se donne tout entier à son art, et cela impose le respect, son plaisir solitaire est finalement aussi le nôtre.
Tout d'ailleurs incite à se plonger dans la musique et uniquement dans la musique. Aucun élément parasite ne vient détourner l'attention du public. Pas de déco, pas ou peu de jeux de lumières, pas de jeu de scène... ce qui dans une certaine perspective est plutôt rassurant, tout artifice s'avérant en effet inutile pour faire d'Angil un artiste.
C'est un pur moment de plaisir qui nous a été offert, une heure sans toucher terre, une heure pour s'aérer la tête et partager un peu le monde particulier d'Angil… |