Entre Maurizio Pollini et Chopin, c’est une longue histoire d’amour qui dure depuis longtemps. Au moins depuis sa victoire en 1960 au concours Chopin de Varsovie. Depuis, cet attachement entre le pianiste Italien et le compositeur Polonais ne s’est jamais démenti. Pollini a toujours essayé de rendre "la grandeur d’expression et la profondeur de pensée de Chopin" avec un jeu tout en intelligence et en fines nuances, choisissant la simplicité pour faire apparaître la clarté harmonique, la profondeur des lignes mélodiques, le lyrisme et les diverses tensions se trouvant dans les compositions du compositeur Polonais.
Une sobriété qui révèle la superbe fluidité des mélodies, la palette des expressions, cette incroyable écriture pianistique, la densité et l’audace harmonique de ces pièces tardives, mais d’autres facettes également, comme pour la Barcarolle, plus sombre que lors de la précédente version enregistrée par le pianiste. Un spleen que l’on retrouve aussi dans les 3 mazurkas opus 59 et opus 63.
La dernière période d’écriture de Chopin, disons de 1846 à 1849, alors qu’il est miné par la maladie et son constat d’échec de ses relations personnelles est d’autant plus intéressante qu’elle est peu prolixe. Chopin y atteint un niveau d’écriture, notamment harmonique, de profondeur, d’intensité, de poésie hors du commun. Pollini est forcément impeccable, un peu trop sage parfois (notamment dans les 3 célèbres valses opus 64) mais il est difficile de sérieusement lui en vouloir tant son sens du phrasé est impeccable. Et que dire de cette main gauche si précise et de cette virtuosité mêlée de simplicité, comme le versant presque opposé aux interprétations plus "volcaniques" du jeune Georgijs Osokins. Pollini déclare "Je suis amoureux de Chopin – sa musique ne cesse jamais de m’émerveiller". Nous ne pouvons que le remercier de participer avec autant de génie à la transmission de cet émerveillement. |