Film
de François Ozon avec Charlotte Rampling Ludivine Sagnier et Charles
Dance
Une femme, auteur de roman policier anglais au creux de la vague, part s'isoler
et se resourcer dans la maison de son éditeur. Surgit la fille dudit
éditeur, Lolita désespérée pendant une descente
aux enfers sous le soleil du Lubéron, et on se croirait dans un roman
de Sagan.
Ce regard lourd qui observe et épie l’intruse, la vampirise,
s’empare de son histoire selon un protocole de transfert quasi-psychanalytique
à double tranchant est celui de Charlotte Rampling magistrale. Elle
se nourrit de sa victime, Ludivine Sagnier prometteuse, qui se vide de sa
susbstance au fur à mesure que les pages du roman s'impriment, et renaît
dans la fébrilité de l'écriture retrouvée.
Mais ce regard capte-t-il la réalité ou projette-t-il
les images fantasmées de l'imaginaire sollicité par l'écrivain?
Comme dans son avant dernier film "Sous le Sable", François
Ozon traite de l’interaction et de l’interpénétration
de la réalité et de l’imaginaire. Mais là, l'osmose
conduit, non à la distanciation avec le réel néfaste
à l'équilibre mental, mais à la création littéraire.
Quelques lieux, des plans fixes, des images flash, des reflets et des regards
suffisent à François Ozon pour imprimer sa patte qui participe
à la fois d’un parti pris esthétique et d’un hommage
au cinéma.
Et puis, François Ozon, vraisemblablement fasciné par la personnalité
et le personnage tout en instrospection de Charlotte Rampling, pour qui il
a écrit, à deux reprises, des partitions sur mesure sait user
des gros plans pour en capter les moindres frémissements. |