Les concerts de Mathieu Boogaerts ont toujours une saveur particulière. Oubliez les accompagnements un peu bossa, un peu boogie, un peu funky, les ensemble de voix, notés et dégustés à l'écoute des sept albums. L'auteur des irrésistibles "Ondulé" et "Las Vegas" préfère le grand saut en public, seul. Voire à deux. C'est mieux.
C'est la configuration qu'il avait choisie ce soir au Grand Mix de Tourcoing. Deux micros, deux guitares et un clavier... Le luxe ! A ma grande surprise, l'éternel bassiste Zaf Zapha n'est pas au rendez-vous. A sa place, un petit nouveau : le guitariste Vincent Mougel. Mathieu Boogaerts entre en scène, T-shirt vert, des tonnes de lumière sur le visage. Devant lui, la salle est comble. Je n'aurais jamais imaginé voir l'artiste dans une ambiance "rock". Les consignes étaient tout de même passées. "Pas de service pendant le concert de M. Boogaerts" disait la pancarte au-dessus du bar.
Un large sourire, les cheveux hirsutes comme à son habitude, le chanteur lance en préambule : "Ah, cette difficulté des listes de chansons... On a décidé de vous jouer d'abord Promeneur, puis... les tubes sans entracte". Les tubes... Ca s'esclaffe dans la salle. Mister Boogie s'élance sur la "Part 1" et égrène studieusement les quasi treize chansons de son dernier album, sorti en avril 2016. "Qu'en est-il ?", "Pourquoi pas ?", "Chhh"... Et de chanson en chanson, fan de Zaf Zapha que je suis, je me laisse pourtant conquérir par la voix de Vincent Mougel, presque cristalline qui fait littéralement chavirer sur le titre "L'enfer".
Autour de moi, j'entends des spectateurs réciter par cœur les paroles. Ils sont conquis et se laissent entraîner, osant même applaudir en rythme... "Non, mais, je ne comprends pas pourquoi, plaisante l'artiste interloqué. Je n'ai pas de batterie, pas de bits à vous envoyer".
"Part 1" terminé, place à la "Part 2", Mathieu Boogaerts se retrouve torse nu... Changement de T-shirt rouge. Ma voisine, fan absolue, me glisse à l'oreille : "Il a perdu du poids, il est fier". Concentration. Deuxième partie. Les tubes donc. "All I wanna do", "Siliguri", "Sylvia"... Les morceaux fétiches des amateurs y passent et c'est une autre partie du public qui chante à tue-tête. Mister Boogie s'est libéré et offre parfois quelques explications avant de terminer par un ironique : "Vous aviez compris ?". Moments d'auto-derision qu'il poursuit en entamant un début de morceau : "C'est fou ce que ce riff fait penser à d'autres chansons...". Il dérive, hilare, sur les titres qui se ressemblent, ponctuant par "ah non c'est pas ça". Le suspens plane. Puis, il choisit finalement... "Dommage".
Ah... dommage... que ce soit si court ce concert. Mathieu Boogaerts reviendra tout de même deux fois pour honorer les rappels. L'artiste n'a pas changé. Toujours aussi généreux, toujours cette fougue silencieuse lorsqu'il joue de la guitare, toujours cette même pêche, vivant sa musique et communiquant la douce chaleur de sa musique. A ne pas manquer.
Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.