Monologue dramatique de Thomas Gunzig, mise en scène de Stéphane Hervé, avec Stéphane Hervé et Amélie Dumetz.
"L'héroïsme au temps de la grippe aviaire", c'est l'histoire d'un mec qui n'est pas né du bon côté de la vie et habite dans la seule rue en pente dans le pays plat d'outre-Quiévrain.
C'est un gentil Belge qui, dans sa tête, se prend pour Spiderman, dont il arbore le costume cheap acheté dans un magasin de déguisements, et voudrait sauver le monde.
En attendant, il vit avec une mère "post-trauma" végétatif qui ne s'est jamais remise de l'abandon par son mari, laissée démunie de tout sauf des mioches, et il lui faut assurer le pain familial quotidien ce qui n'est pas facile depuis la mort de son frère junkie d'autant qu'il ne sait rien faire.
Sauf monter au mur sans échelle, compétence pour laquelle sa pétulante conseillère en projet professionnel (Amélie Dumetz), ne voit guère de débouché.
Heureusement dans ce plat pays, comme dans cellui de "Ces gens-là" de Jacques Brel, il y a les beaux yeux d'une fille. Mais elle se prénomme Coralie et fréquente un petit dealer. Alors il lève le masque pour livrer, entre deux cascades de kung-fu à la Bruce Lee, son idole, le lustrage de sa Punto et les virées ratées à l'Electro Blue Boy", une tranche de vie qui pleure et saigne.
Thomas Gunzig signe une partition écrite avec une plume-scalpel trempée dans l'humour noir, mais un humour noir "à la belge", teinté d'un vitalisme désespéré qui slalome entre fatalisme zolacien, hyper-réalisme et surréalisme poétique, celui qui irrigue notamment le cinéma belge de "la belgitude des choses", entre autres des frères Malandrin, de Bouli Lanners et Jaco Van Dormael, dont il a co-signé le scénario du film "Le Tout Nouveau Testament" .
Stéphane Hervé s'empare de cette petite tragédie de la vie ordinaire qu'il délivre en adresse au public. Saisissant dans l'incarnation bordeline, il réussit une prestation époustouflante qui commence presque comme un jeu, et dans le rire, et embarque le spectateur sur un chemin de traverse menant subrepticement à un burlesque décapant les âmes et les coeurs. |