Monologue dramatique écrit et mis en scène par Pierre Notte et interprété par Muriel Gaudin.
La femme de "L’histoire d’une femme" est une femme à histoires, une femme à la personnalité borderline atteinte d'une névrose de destinée, qui manifeste une nette propension à la victimité, allant même en quête de situations victimaires.
En effet, elle ne peut croiser un homme, même inconnu et anodin, sans que, systématiquement celui-ci manifeste à son encontre une agression machiste et sexiste de la plus ordinaire à la plus violente.
Cette "partition monologale pour 30 personnages d'hommes et une comédienne" écrite par Pierre Notte constitue une double exercice stylistique. Exercice d'écriture, au demeurant plus littéraire que théâtrale, avec un texte narratif, qui ne ressort pas du registre du flux de pensée mais de celui d'une voix diégétique, et de surcroît emprunte tant à Virginie Despentes et Marguerite Duras qu'aux oralités communautaires.
D'autre part, à la direction d'acteur, il a opté pour une scansion atypique, celle du "flow" du rap/slamé au rythme très rapide et un enchaînement logorrhéique qui évoque le débit de "moulin à paroles" afférent à certains types de confusion mentale.
Sur scène, toujours debout, presque immobile, ne lâchant pas une carafe d'eau et un verre, Muriel Gaudin réalise une belle prouesse élocutoire qui va jusqu'à l'apnée dans ce qui constitue une épreuve physique équivalant à courir un marathon à la vitesse d'une course de sprint.
Pour rester dans la métaphore sportive, le spectateur doit également, pour éviter d'être distancé, placer toutes ses facultés, et notamment celle d'écoute phonologique, dans les starting-blocks afin de les affecter à la compréhension du texte et du sens. |