Un petit gros livre de poche pour deux romans Le peuple des glaces et Le chasseur des glaces. Effectivement, il s’agit des tomes 3 et 4, pas les premiers de la série, nous sommes d’accord. Qu’importe, il n’en manque que deux et la saga comporte 98 tomes.
Sérieusement ? 98 tomes ? G.-J. Arnaud est un auteur rare, tenir des personnages sur 98 romans, il y a de quoi se décourager, traîner en longueur, ou souffrir du syndrome des Feux de l’amour (ou de Plus belle la vie), autrement dit, créer de la consanguinité et multiplier les improbabilités… Mais je m’avance. Et je n’en sais rien du tout. G.-J. Arnaud est persévérant et courageux puisqu’il est l’auteur de plus de 400 romans (mais combien y en a-t-il dans ses tiroirs ?).
Roman d’anticipation, La compagnie des Glaces se déroule dans un futur pas si lointain. Publié pour la première fois en 1980, chaque pièce reparaît pour le simple plaisir de nourrir notre imagination. Alors que la croyance actuelle nous promet un futur sous les eaux, G.-J. Arnaud a créé un futur sous la glace. Ré-agençant complètement l’équilibre mondial, dirigé par la Compagnie aux intérêts troubles.
Lien Rag est le personnage central de ce début de saga fleuve. Membre des forces de l’ordre de la glace, il est chargé d’enquêter sur des effondrements de rails. Parce que pour se déplacer sur ce monde glacé, la planète a été quadrillée de multiples rails, faisant passer nos réseaux pour des miniatures juvéniles. Et depuis quelques temps, des rails s’effondrent mystérieusement, congelant la population voyageuse et coupant l’accès aux villes.
G.-J. Arnaud a l’intelligence de décrire discrètement les conditions de vie, sans passer pour un redondant avide d’atteindre son poids en pages. Nous apprenons ainsi que les villages sont une quasi-légende urbaine. Les habitants se sont regroupés dans des villes sous cloche, permettant de réguler la température à un niveau non-réfrigérant.
Ce nouveau monde a vu la naissance d’un peuple des glaces, créatures à forme humaine couvertes de fourrure (et incapables de vivre dans les atmosphères surchauffées des peaux-nues partageant la même planète). Ces êtres, présentés comme primitifs, nous font étrangement penser au trafic dont nous nous sommes rendus honteusement coupables et complices quelques siècles auparavant (vous savez, l’affreux "triangle" entre pacotille et chair à champ de cotons).
Les membres du peuple des glaces sont les ouvriers (parfois consentants) des anciens humains, leur travail consiste à gratter la glace se formant sur les globes-cités (parce que le soleil ne passe pas bien à travers plusieurs couches de glace). Et G.-J. Arnaud a poussé le génie à s’inspirer de notre propre histoire du monde pour rendre ses peuples réels. Les poilus se rebellent, ils sont l’avenir de ce nouveau monde. Certains s’acoquinent même avec des sapiens sapiens, engendrant les disparités traditionnelles. Tout ça sous un régime de dictature imposée par des gouvernants laissant aux sous-fifres le soin de régler leur pagaille.
Deux romans légers qui se lisent comme un petit polar sur la plage. Une anticipation à laquelle on croit, dans laquelle on se retrouve. Chouette, encore 96 tomes.
# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine
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