Spectacle musical conçu par Jacques Pessis, Hubert Drac et Didier Gustin, interprété par Didier Gustin dans une mise en scène de Hubert Drac.
Après maintes incursions au cinéma, à la télévision et au théâtre, Didier Gustin revient sur scène avec son talent premier d'imitateur dans un épatant spectacle musical en hommage au chanteur Claude Nougaro dont il emprunte un des titres, "Ah tu verras !".
Elaboré avec son complice de toujours Hubert Drac et la collaboration de Jacques Pessis spécialiste du musical théâtralisé ("Brel de Bruxelles aux Marquises", "Radio Trénet"), il évite tant l'écueil du tour de chant que celui de l'enchaînement d'imitations par leur immersion dans une trame théâtrale, fantaisiste mais efficace, et le parti-pris d'un tribute à Nougaro en éprouvant ses titres emblématiques à différentes tessitures et registres musicaux.
En effet, Didier Gustin se trouve invité par l'ectoplasme de Claude Nougaro à être le maître de céans de la prochaine visite privée de sa maison secrète qui comporte une fontaine miraculeuse non de jouvence mais régénérative de talent dont tous ses homologues chanteurs souhaitent bénéficier des bienfaits.
Ainsi officie-t-il tel Stéphane Bern dans le magazine télévisé "Visites privées" en côtoyant la crème de la variété française de Charles Aznavour à Julien Doré. Et s'il ouvre le feu avec "Toulouse", il prendra peu la voix de Claude Nougaro. En revanche, il dispense un festival d'imitations.
Quelques humoristes, des acteurs dont l'incontournable Fabrice Luchini, en l'occurrence particulièrement émoustillé par sa tirade érotique sur les mollusques et crustacés, qui dialogue avec Julien Clerc autour du "Coq et la pendule", Benoît Poelvoorde qui rape sur "Sing Sing Song" et l'inénarrable JCVD, entendre Jean-Claude Van Damme, dans un moment d'anthologie avec "Il faut tourner la page" en spoken word.
Et donc, surtout, des chanteurs pour lesquels l'exercice est doublement voire triplement peaufiné. D'une part, parce que le chanson est toujours, et non sans humour, judicieusement associée à la personnalité et/ou au registre de l'interprète, ainsi "Les Don Juan" ne pouvait qu'échoire à Marc Lavoine tout comme "Bidonville" à Bernard Lavilliers, et certaines sont particulièrement émouvantes ainsi "Le cinéma" par Bashung. D'autre part, en raison d'appariement inattendus, tel par exemple celui d'Eddie Mitchell et Raphaël avec "Dansez sur moi".
Enfin, parce que le jeune claviériste Hugo Dessauge, qui officie sur scène avec le guitariste Laurent Roubach, a accompli un excellent travail en signant des arrangements pêchus qui décoiffent et dépoussièrent les oreilles allant jusqu'à inoculer dans la mélodie des gimmicks du répertoire de l'interprète. Ainsi, dans le "Nougayork" scandé par Gainsbourg résonnent notamment, et au demeurant fort logiquement, quelques notes de "Bonnie and Clyde" et de "Harley Davidson".
Didier Gustin délivre une excellente prestation avec cet hommage endiablé dans une mise en scène de Hubert Drac qui ne lésine pas sur les effets lumineux dignes d'un méga-show. |