Le jour se lève sur Evreux, certains vont se coucher (ou pas), d'autres se lèvent, les visages sont fatigués, cernés, mais le fait est là, le sourire est omniprésent sur chacun des visages !
Cela est sûrement dû à une journée du vendredi qui a tenu toutes ses promesses et à un samedi qui s'annonce passionnant !
Le beau temps toujours au rendez-vous, les aficionados aussi et… les coups de soleil ! Les premiers à entrer dans le bain sont les résidents éphémères du camping.
Aux alentours de 13H00, le "Air Guitar" est lancé. Il s'agit d'un concours de guitariste…. sans guitare !
Cette activité semblerait être destiné à nos chers nombrilistes, narcissiques et autres mégalos qui s'entraîne à gratter sur des morceaux d'anthologie "guitaristique" devant leur miroir ! "Miroir miroir qui est le plus grand guitariste de tous les temps ?".
Et bien si vous pensez çà, il est temps que vous retiriez cet objet très utile au ménage qui scouatte votre postérieur, parce que le "Air Guitar" ce n'est autre qu'un grand défouloir, libérateur des pulsions nerveuses dictées par le son chatoyant des guitares, c'est de l'expression corporelle artistique !
Et on peut dire que parmi ces néophytes certains sont dotés d'une assurance, d'un sens du rythme et d'un jeu de scène à faire pâlir les plus grands.
Ils s'éclatent durant une précieuse minute de bonheur sur un air qui les a fait vibrer, et pendant ce temps on s'éclate à les voir gratter dans le vide et se vautrer sur le sol après s'être jeté dans une foule imaginaire, tout çà malheureusement rythmé par un animateur qui fait son poids…. si vous voyez ce que je veux dire.
Les deux gagnants se retrouveront dans un Battle sur la grande scène vers 23h. Place aux concerts, avec des instrus cette fois !
On démarre à 15h30 sur la scène A avec Black Moutain, groupe canadien, venu faire virevolter les plus ponctuels d'entre nous au son de la soul et du blues.
Pendant ce temps à la Papa Mobile , ce sont les havrais de Aminima qui rentre en ébullition et qui viennent galvaniser les festivaliers avec leur ska-reggae-rock. Un bon préparateur physique pour la suite.
16h15, arrivée de Loïc Lantoine sur la scène B , vous savez, le monsieur qui forme Mon côté punk avec La rue kétanou, mais si le mec qui chante "Y faut pas dire du mal de Johnny !". Non… ben moi non plus je vois pas trop qui c'est et apparemment le public non plus ! Une mince partie du public a été séduit par ses chansons à texte, peut-être de peur de se refroidir en voyant un ciel qui devient menaçant !
Arrive 17h en même temps que… Personne ! La scène A pleure sa solitude avec le désistement de Morgan Heritage. On dirait que les héritiers de Denroy Morgan ne font pas leur taf comme il faut.
Alors pas de temps à perdre, on retourne à la Papa Mobile. Et là c'est du bon, du très bon ! Une guitariste chanteuse, un guitariste, une bassiste, un batteur, un double mixte qui à fier allure !
Des airs "soniquiains" planent sur la Papa Mobile, et même si l'influence de Fugazi est également présente, Améthyste n'en assurément pas un (De fugazi*). Véritable bijoux de noise-rock paradoxal, entre calme et volupté et frénésie troublante, ce groupe de tous les extrêmes emporte tout sur son passage, ils se donnent corps et âme dans leur interprétation trépidante et terriblement frissonnante. Cette générosité prend d'autant plus forme au moment de leur lancer de CD dans le public. Un concert qui va nous laisser quelque peu étourdis.
17h50 le retour des canadiens sur la scène B , mais cette fois avec CocoRosie. Place à la douceur et à la sensualité avec une entente charnelle et fusionnelle entre ces muses, sur fond de blues et d'électro. Musique lancinante, vocalises envoûtante. Inspirateur d'évasion, le calme plane sur Evreux. Paisible, aérien, mystique et revigorant.
On reprend ses esprits sur la scène A , mais pas avec Cake comme il était prévu. Beaucoup regretterons sûrement leur absence mais franchement on est pas là pour çà.
Alors place à The Bravery.
Simple, efficace, carré, consciencieux, pas de chichis pour ces messieurs.
Le public commence à véritablement prendre forme, à se dégourdir avec leurs riffs entraînants. Un concert interactif, et une vigueur que le public leur rend bien.
19h30 : Direction scène B, je commence à avoir le tournis, heureusement qu'il n'y a qu'une centaine de mètres qui sépare le point A du point B. La grosse découverte de la soirée, du moins, MA découverte, j'ai nommé Balkan Bit Box.
Leur musique électro festive du monde nous emmène tout droit dans leur univers euphorique.
Riche et variée, leur musique possède effectivement toute l'explosivité des Balkans.
Sur scène ça bouge dans tout les sens, les artistes, pluridisciplinaires, nous offrent un très large panel de leur talent aux multiples facettes, les cuivres renforçant la festivité du moment, et tout cela fait fuir le mauvais temps, on n'en demandait pas tant !
On essaiera de faire fi des quelques incidents techniques en fin de prestation (retour de son), qui ont pourtant gâché un final croustillant. Je reste un peu sur ma faim …alors allons manger.
On retourne à beaucoup plus classique, avec le set des belges de Ghinzu.
Ils ont le mérite de ramener beaucoup de public à leur contrebas, mais tout ça manque un peu de pêche, de créativité et de magie à mon goût….
On ne peut pas tout aimer ! Vers 21heures place à la mélancolie, non pas que ce beau festival touche à sa fin, loin de là, mais avec l'arrivée du mythique Devandra Banhart Band. De la folk et du blues, en veux-tu en voilà, c'est ce qu'ils savent faire de mieux alors….
22h10 : Le devant de la scène A est surpeuplé, la plus grande affluence du festoch et pour cause, une grosse, très grosse tête d'affiche est au diapason, les anglos-américains de Garbage.
Venus nous réciter, dans un concert quasi orgasmique pour certains, leurs plus grands hits et nous faire part de quelques titres de leur dernier opus.
Ils ont fait ce qu'ils avaient à faire, ce n'est plus tout à fait ce que c'était, mais au moins ils ont fait des heureux.
A présent un petit tour, du côté du Banana Club pour égayer un peu ma soirée, sinon je vais continuer de casser du groupe à tour de bras.
Orgie de punk hardcore jungle techno hip-hop bien poisseux (un beau melting pot) avec I.Y.M (Important Youth Movement), on délivre notre corps de ces chaînes de fatigue, et on attrape une petite suée, même une grosse.
On enchaîne avec Interpole, qui du haut de ses platines mène la danse, pousse à l'exubérance et nous met en transe.
Pour ceux qui s'inquiétaient, leur mutation s'est bien passée. Ils nous bombardent, avec légèreté et improvisation, de breakbeats et drum&bass.
Un Banana club, agité, convivial mais exténuant.
Un p'tit tour qui fait du bien et on repart pour le grand final en plein air.
L'heure de la révolte a sonné avec le ska-Punk de Ska-P !
Petite rectif : LA plus grande affluence de ce soir ! C'est le paroxysme du délire de façon péremptoire au son du clairon de clôture.
C'est avec la joie et l'entrain qu'on leurs connaît qu'ils allient toujours aussi bien humour et critique sociale. Les espagnols qui ont apparemment décidé, pour une de leur dernière prestation, de mettre le paquet, de mettre leurs tripes à l'air et de nous prendre les nôtres. La saga Ska-P continuera de résonner longtemps dans nos têtes, avec "Legalisaciòn", ou le redondant "Mass hysteria" qui ravive le public. La mise en scène nous en mets plein… la vue (Echassier, faux CRS qui jump…). Pour cette dernière communion du festival, ce n'est pas une triste gaîté, mais bien la joie qui laissera son empreinte.
C'est l'heure à présent de faire un choix : Le Banana Club avec Modeselektor (Techno/Hip-Hop germanique) et ensuite Sean Kosa (Post-punk/techno/Acid house), ou le camping… Désolé mais perso j'en ai déjà pris plein les tympans donc…
Ce 22 ème festival du Rock dans tous ses états aura donc tenu toutes ses promesses. L'éclectisme, cette programmation si riche et variée, pleine de découvertes, a vraiment eu le don de nous faire décoller. Les dieux ne nous ont pas trahis avec le temps !
Une organisation sans faille ou presque (un phénomène de file d'attente : billet, accès camping et bracelet camping) assez pénible… mais bon).
J'espère qu'Evreux aura le bonheur de pouvoir reconduire ce théâtre de bon vivre et de convivialité, puisque certaines personnes voudraient que cela prenne fin !!!
Longue vie Au Rock dans tous ses Etats et merci public.
* Fugazi = Bijoux en toc |