Comédie burlesque d'après l'oeuvre éponyme de Alfred Jarry conçue par Olivier Martin-Salvan, avec Thomas Blanchard, Robin Causse, Mathilde Hennegrave, Olivier Martin-Salvan et Gilles Ostrowsky.
En choisissant d'adapter "Ubu sur la Butte", version réduite d' "Ubu Roi", dont le texte est très bref et idéal pour des marionnettes, Olivier Martin-Salvan n'a certainement pas cherché à faire passer un message politique.
Ce spectacle frontal qui place les spectateurs de part et d'autre d'un tatami tente de transformer la pièce d'Alfred Jarry en une séance d'aérobic métissée de gymnastique rythmique pouvant dégénérer en catch.
Entrent alors en action des "modules de gymnastique tout en mousse", conçues par les scénographes Yvan Clédat et Coco Petitpierre, avec lesquels se crêpent le chignon les protagonistes ayant revêtu des casques et des plastrons de taekwondo.
Habillé lui-même en gymnaste 1900, avec un grand maillot blanc à rayures rouges, le père Ubu, incarné par le tonitruant Olivier Martin-Salvan, n'a pas une gidouille exagérée.
C'est un Ubu ni grotesque ni obèse qu'il propose et la mère Ubu, composée par Mathilde Hennegrave, est sa parfaite réplique féminine. Dynamique, sportive, paillarde mais pas vulgaire, c'est une belle femme aux formes généreuses et pas du tout une mégère vivant avec un affreux tyran.
Faisant assaut de trivialité potache, les cinq comédiens font basculer "Ubu" vers le happening gentillet. Les gros mots et les gestes obscènes ne franchissent pas (trop) la ligne jaune du mauvais goût.
Dans ce choeur bruyant qui entoure les Ubu, Thomas Blanchard, Robin Causse et Gilles Ostrowsky s'en donnent à cœur joie. Mention spéciale à Thomas Blanchard, dont on se souvient de la belle prestation dans le film de Sébastien Betbeder, "Le Voyage au Groenland".
Cette heure en compagnie de zozos plus clownesques qu'ubuesques qui n'ont d'autre but que de faire rire passe comme un apéritif joyeux. Certains auraient peut-être préféré un travail plus idéologique, d'autres moins d'aérobic et plus de gags.
Ce qu'on pourra reprocher in fine à Olivier Martin-Salvan c'est de s'être piégé lui-même en rajoutant de la farce à la farce, sa "sur-farce" se révélant moins absurde et pataphysique que pourraient le souhaiter les disciples d'Alfred Jarry. |