Spectacle écrit et mis en scène par Camille Davin, avec Romain Blanchard, Jana Klein, Esther Marty Kouyaté, Daniela Molina Castro et le musicien Léo Flank.
Les "Jardins suspendus" de Camille Davin ne se réfèrent ni aux murs végétaux du plasticien Patrick Blanc ni aux jardins mythiques de l'antique capitale mésopotamienne.
Ils puisent leur source au pays du Soleil levant et doivent s'entendre comme des moments hors de la linéarite temporelle que vit un "johatsu", un homme qui disparait en rompant les amarres avec son pays et son passé, phénomène ancestral au Japon qui avait inspiré au cinéaste Shohei Imamura le film "L'évaporation de l'homme" réalisé en 1967, et dont la résurgence contemporaine a interpellé romanciers et journaliste.
Camille Davin signe un texte minimaliste sur l'impermanence pour aborder, entre rêve et réalité, la quête de Mai qui arrive à Paris et devient, à la suite d'une méprise, modèle dans un un cours de dessin où il croise trois femmes, la professeure et deux élèves et un conséquent travail conceptuel pour composer une partition composite sur la quête d'apprentisssage de soi dont la mise en scène, tant au plan formel, esthétique et dramaturgique, s'avère sous influence nippone patente.
Dans une scénographie épurée avec les éléments de décor de Camille Olivier et les lumières de Carolina Sapiain, elle mixe théâtre, musique avec les inserts musicaux de Léo Flanck, sons vibratoires et percussifs délivrés par un handpan et un cajon, et live painting assuré par le peintre japonais Fumihiro Ueoka.
S'affranchissant totalement de la convention de l'illusion théâtrale, l'homme japonais est interprété par un comédien français (Romain Blanchard) et les femmes françaises par des comédiennes étrangères (Jana Klein, Esther Marty Kouyaté et Daniela Molina Castro), elle opte pour un rythme lent et la gestuelle stylisée de ceux-ci confère à l'ensemble une sensation d'irréalité qui peut déconcerter le spectateur.
Après "Ceux qui tombent", Camille Davin poursuit avec sagacité l'exploration du théâtre immersif et trace son chemin sur la voie d'un théâtre de la sensation et du voyage intérieur. . |