Quel plaisir d'acheter un CD, le mettre sur la chaîne et profiter pleinement des basses ! Après avoir écouté Stup Virus en streaming, avec un faible niveau d'encodage, on se rend compte que certains supports font vraiment du mal à la musique.
Stupeflip, Stupeflip est-il encore ce truc strupéfiant ? Quatrième album, 5 ans d'attente depuis le EP / DVD Terrorvision. Si on est un habitué du mystère au chocolat, Stup virus ne surprend pas du tout, voire paraît léger par rapport à ses prédécesseurs en raison de son écriture principalement en mode majeur. Pour un novice, ça donnera certainement l'impression de découvrir Game of Thrones avec un épisode du milieu de la saison 5 du genre Tyrion est dans le désert, Sensa retenue prisonnière à Winterfell et une guerre des clans fait rage à Port-Réal... Pour le non-initié, Stup Virus revient à aborder l'univers du crou par un épisode de transition.
Cependant, il y a certainement un grand plaisir à découvrir aujourd'hui, lorsqu'on ne la connaît pas, cette musique inspirée du rap US des années 90. On retrouve des analogies évidentes avec Cypress Hill et le goût des collages sonores hérités de Paul's boutique des Beastie Boys. Ce nouvel épisode du Crou Stupeflip fait vraiment la part belle à la face rap incarnée par King Ju. Pour ceux qui ont suivi les épisodes précédents, "La mort de Pop Hip" a eu lieu en 2011 à la fin de The hypnoflip invasion, (attention spoiler) mais il revient des enfers pour un "Lonely loverz" que, dans la veine eighties, on échange sans hésitation contre tout un baril de Fishbach.
Utiliser le synthétiseur de voix pour créer Sandrine Cacheton, personnage en voix off qui traverse tout le disque, ponctuer le disque d'hommages à Jacno ou à Gotainer, sont des idées brillantes à une époque où la chanson ennuyeuse "colle bien à l'époque", est "nominée aux oscars et chroniquée dans les inrocks" (Ramon Pipin - "Une chanson ennuyeuse").
Malgré "Pleure pas Stupeflip" en clôture de l'album, qui laisse entendre que l'aventure discographique du groupe pourrait s'arrêter avec ce quatrième album, on n'y croit pas vraiment. Stup virus se révèle apte à capter une nouvelle génération de fans plutôt que, malgré de bonnes compos et de bonnes idées mais en abandonnant le ton plus hargneux des précédents disques, à satisfaire totalement les plus anciens accros au crou.
En fait, ce nouvel album de Stupeflip rappelle, en raison aussi de sa pochette, l'album The Cure, sorti en 2004 par le groupe du même nom. Le son ne se renouvelait pas mais la production était accrocheuse. Peu de temps auparavant, The Cure, comme Stupeflip aujourd'hui, quittait sa sphère d'aficionados pour devenir un phénomène de société et une pierre angulaire dans son style musical. C'est certainement en cela, au-delà de la musique, que Stupeflip est toujours bien ce truc stupéfiant.