Disparue Juliette
(Les Ré-créations du Pourquoi / L’Autre Distribution) mars 2017
Direct from Toulouse, Oh Toulouuusseee, Mickaël Serrano et Guillaume Carayol forment le duo De Calm. A la recherche de leur temps perdu en compagnie d’un alligator pisteur des neiges, ils nous offrent leur troisième album Disparue Juliette.
Constitué de Guillaume Carayol à la plume et au chant, et de Mickaël Serrano pour le reste, les compères poursuivent l’aventure de la raison et des sentiments, des attaches et des innombrables liens tissés entre les rencontres et les affects.
Désormais, c’est ainsi que j’affectionne les rockeurs : sobres et élégants. Pas de cris, des épaules compatissantes et les sourires discrets. Se parler les yeux baissés et refaire le monde à tâtons. Avec De Calm, les plaisirs sont épicuriens et les bonheurs fugaces. La musique est feutrée, les guitares se font languissantes et les percussions frissonnantes. L’ambiance a la préciosité des introvertis peu loquaces, elle a le goût des moments suspendus où la larme met des heures à se détacher des cils.
Disparue Juliette commence comme une tempête de glace, les sons semblent emportés par le vent, les cœurs sifflent comme une bourrasque lointaine ("Alligator") : "J’ai en tête un ciel gris, un drive in sous averse, le bruit sourd de ta vie, une antique VHS, j’affronte esseulé en repensant trop fort aux jours dorlotés, aux larmes alligators, Je t’ai en tête et je n’ai plus ma tête, je suis en miette". La douleur de la séparation, la mort et les souvenirs qui affluent et nous font sangloter.
"Il fallait que s’agite, au fond de nous la vase, celle qui fait qu’on palpite, à distance de nos bases, maladresse qui afflue, passé qu’on désinfecte, les tristesses s’atténuent… Effleurer la beauté, abimer le chagrin, casser à jamais tous les réveils matin, la beauté scintillante des tristesses atténuées s’engouffre chancelante dans les cristals, il est sûrement temps de sauver la patrie, d’esquinter les réveils, de revoir fantaisie" ("Le réveil"). Le temps, le rêve, le passé, le sommeil paradoxal, De Calm sort de la caverne, affronte les affres du chagrin et gonfle ses ailes d’espoir.
Dans ses textes, Disparue Juliette l’alchimie réfléchit des sons, cultive le paradoxe de matérialiser l’absent en l’évoquant au présent. De Calm trouble la ligne temporelle en avançant et éloignant les évènements à mesure de leur évocation. Pour le simple plaisir de revivre un instant : "Il y a dans cette soirée quelque chose qui me plaît, l’espoir a les yeux verts et un dos légendaire" ("La soirée") ou pour avancer : "Il n’y a pas que des vainqueurs hélas, manque évident d’audace, vive les loosers coriaces, je regarde mes fiasco en face, qui prennent pas mal de place, la pluie et les averses qui passent forgent ma carapace ; je lui dirai tout bas que je n’ai pas peur de perdre" ("Les vainqueurs").
Collaborations obligent, il y a du Daho dans ces heures lentes et cette sagesse dodelinante. Les paroles s’enroulent autour des mélodes ancrées dans un groove insouciant. Un grand optimisme se dégage de ces grands mélancoliques, à croire qu’ils ont enfin percé le mystère de la vie. Mélancolique et mélodique, De Calm porte l’élégance rare des auteurs raffinés à la plume impeccable.
# 13 octobre 2024 : Sur un malentendu ca peut marcher
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