Le Musée de la Vie romantique présente, sous le titre "Le pouvoir des fleurs", une exposition dédiée au peintre-botaniste Pierre-Joseph Redouté dont chacun connaît, au moins en format reproduction, les planches consacrées aux Roses, son grand oeuvre éditorial.
Peintre, illustrateur et graveur émérite, il fut non seulement le "peintre des fleurs" des reines et impératrices, de Marie-Antoinette à Marie-Amélie en passant par Joséphine, mais dessinateur à l'Académie des sciences, et collaborateur privilégié des grands naturalistes de son temps.
Conçue en partenariat avec le Muséum national d’Histoire naturelle et sous le commissariat de Catherine de Bourgoing, historienne des jardins, Jérôme Farigoul et Sophie Eloy, respectivement directeur et directrice-adjointe du Musée de la Vie romantique, l'exposition propose un voyage bucolique entre science, beaux-arts et arts décoratifs. Dans les salles rafraichies de l'ancien atelier du peintre Ary Scheffer, est mis en valeur un florilège conséquent de peintures, aquarelles, objets d’art, et vélins originaux, ces derniers renouvelés en trois saisons sur la période de la monstration en raison de leur fragilité. Les étoiles de la terre de Pierre-Joseph Redouté
Au Siècle des Lumières, temps des grandes expéditions, du développement des sciences naturelles, dont l'essor de la botanique, la soif de connaissance qui, en l'espèce, se traduit par
le souci de classement et d’identification exhaustive des plantes.
S'initiant à l'observation botanique, Pierre-Joseph Redouté acquiert une exceptionnelle notoriété artistique qui résulte de la combinaison parfaite du talent pictural, de la rigueur scientifique du dessin et de la maîtrise d'une technique, celle de la gravure au pointillé qui donne l’illusion du dessin dont le rendu velouté et vibrant est finalisé par des rehauts à l'aquarelle.
Né dans les Ardennes belges, il est formé à la peinture en Flandre et en Hollande, et donc
à la peinture de fleurs, sous-genre de la nature morte, qui s'est épanoui à l'âge d'or du baroque flamand et excelle dans la composition florale tant dans décorative qu'allégorique avec cette "Vierge pastourelle assise dans une guirlande de fleurs" qui s'inscrit dans sa spécificité du cartouche religieux encadré de fleurs.
Il oeuvre dans la lignée de son homologue et aîné le néerlandais Gérard Van Spaendonck ("Corbeille et vase de fleurs") lui aussi expatrié en France qui, en charge la Collection du roi, l'engage pour l'éxecution de planches sur velin et
il devient également l'illustrateur privilégié
des ouvrages des naturalistes.
Par ailleurs, le charme des bouquets au réalisme réinventé préside à des tableaux d'agrément ("Offrande à Bacchus", "Tableau de fleurs") fort appréciés en cette période néo-classique dont le répertoire ornemental inclut une veine florale en vogue notamment dans les intérieurs féminins et lui vaudra le surnom de "Raphaël des Fleurs".
D'autres peintres tels Jean-François Bony ("Le printemps - Fleurs dans une fontaine publique"), Antoine Brejon ("Fleurs et fruits dans une corbeille d'osier") et Antoine Chazal ("Hommage à Gérard Van Spaendonck") concourent à cet engouement pour la fleur ainsi sublimée et à l'élaboration de modèles pour l'habillement et les productions manufacturières liées aux arts décoratifs.
Le motif floral se retrouve aussi bien dans les broderies des robes d'apparat que les accessoires de mode dont l'éventail qui suscite un regain d'intérêt et le novateur porte-bouquet et le "pistolet à parfum" dont est présenté une superbe déclinaison avec un bouton-poussoir en forme de fleur qui s'éclôt, et la joaillerie avec notamment la magnifique parure "Fuschias en pluie" de Mellerio.
Fleurs encore, et notamment en guirlandes,
pour les luxueux tissus d'ameublement, tentures et papiers peints, les objets décoratifs, dont les monumentaux vases "oeuf", et arts appliqués.
Ainsi que les arts de la table représentés par une sélection d'assiettes de services des manufactures de Sèvres et de Stone présentant une grande diversité de motifs de l'épurée graminée (service "Linaigrette engainée") au bouquet central (service "Mardi d'or") et de la fleur unique (service "Iris au naturel") à l'incontournable guirlande (service "Vert d'Italie").
De plus, le visiteur pourra suivre un parcours intitulé "A fleurs d'ateliers" qui, dans les espaces du jardin et de la maison de l'enclos, atteste de la pérennité des motifs floraux et végétaux dans l'inspiration et la création contemporaine dans les métiers d'art.
Réalisé avec les Ateliers d’Art de France, le syndicat professionnel des métiers d’art, il est scandé par une quarantaine d'oeuvres d'artistes céramistes, porcelainiers, sculpteurs, maîtres verriers et bijoutiers qui revisitent ce thème.
Tels, entre autres, Agnès Debizet qui avec sa "Bulbonneuse" réinterpréte les Fleurs du mal de Charles Baudelaire, le fleuriste-porcelainier Samuel Mazy et ses tulipes trompe-l'oeil et les pichets en Bouquet d'arums de Martine Polisset.
A découvrir donc au fil d'une délicieuse promenade dans la Nouvelle Athènes. |