L’Amour, avec une majuscule, est plus fort, nous annonce Sylvain Fesson sur son nouvel EP de 6 titres autoproduit, qui sort en ce début de mois de mai. Cet amour, il nous le dit, est plus fort que la mort, pour qui s’y hasarde encore. C’est par ce titre éponyme que débute ce magnifique EP, titre court, voulu comme un petit manifeste préambule par l’artiste.
Car c’est bien d’un artiste dont on parle ici, même si Sylvain Fesson est aussi journaliste, philosophe et poète. Cette poésie que l’on retrouve ici sur des effluves rock nous parle et nous touche tout au long de ces 18 minutes intenses qui composent cet EP. On se perd dans "La Forêt", et ses sonorités cotonneuses, on se sent bien à ses côtés, ses mots nous subjuguent, d’une beauté incommensurable. La guitare fait le reste, superbe morceau.
"Chocolat liégeois", au titre surprenant, nous parle d’une histoire sans attente, du sexe sans amour. Une fois encore, Sylvain Fesson exprime ses grandes qualités d’écriture. "Ta peau est aussi blanche que tes cheveux sont noirs. Parfois j’y repense lorsque tombe le soir. Tes formes laiteuses, ta crinière fusain me cherchent des noises quand j’ai un peu faim. Elle sur elle se couchant, comme deux saveurs distinctes. Un drôle de Yin et Yang, c’était un beau spectacle". Chanson superbe, du début à la fin.
Avec "Sacher- Masoch", du nom de l’écrivain et journaliste autrichien, s’ouvre un univers beaucoup plus pesant, sur une musique oppressante pleine de fantasmes et de suspens. Sylvain Fesson regarde sa montre ensuite avec "Six o’clock", mais pas seulement sa montre, son miroir, sa glace comme il le dit si bien. Il nous énumère le quotidien avec une grande poésie. On s’égare sur la composition d’Arthur Devreux et le temps devient infini.
L’EP se termine par "Les oiseaux". Le phrasé de Sylvain Fesson se pose sur quelques magnifiques accords de guitare. Il est question d’avenir, de la mort aussi. 18 minutes viennent de passer et l’on ressort ébloui par l’écoute de ce superbe EP.
Dans la digne continuité de Sonique-moi sorti en 2014, Sylvain Fesson met de nouveau sa poésie au service de la musique. Porté par des superbes compositions signées Arthur Devreux, Fesson nous parle plus qu’il ne chante, de lui sûrement, des autres aussi. Son message est précis, distillé à la manière d’un horloger. Ses maux / mots ont du sens et son univers, bien à lui, continue de nous toucher à chaque écoute. Salutaire et bouleversant…
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