Pour ce dimanche, Solidays propose une affiche essentiellement grand public mais toujours variée.
De la musique festive avec des noms connus.
Coup d'envoi pour l'apéro avec Debout sur le zinc.
Depuis 10 ans, Debout sur le zinc, un des groupes majeurs de la scène française dite alternative, sillonne les routes avec sa musique festive qui allient banjo, violon et clarinette aux instruments rock sur des airs de valses, tangos, java, musiques tzigane yiddish, irlandaise, et même rock'n'roll.
Impossible de ne pas trouver rythme à son pied pour guincher un peu !
Et puis, le Dôme a pulsé avec Mouss et Hakim.
Les ex-chanteurs de Zebda présentent sous le dôme des chansons plus électriques qu'à l'accoutumée, mais toujours avec l'accent toulousain.
Y a-t-il encore quelqu'un qui ne connaît pas Kassav ?
25 ans de musique, plus de 30 albums, le groupe fondateur du zouk est le spécialiste incontesté et incontournable du genre pour qui apprécie les rythmes chaloupés.
A partir des multiples influences caribéennes, il a composé un cocktail détonnant et créé une véritable musique de variété antillaise chantée en créole qui a su essaimer hors des frontières de leur communauté.
Aujourd'hui, Kassav est encore une grosse machine qui a du métier et du succès.
En introduction, Jocelyne Béroard regrettera qu'il n'y ait qu'un groupe antillais à Solidays et donnera le message du groupe : "Les jeunes, on les aime. Protégez-vous ! Nous partons ce soir en Afrique mais il n'y a pas qu'en Afrique qu'il faut se protéger !" sans oublier de rappeler au public qu'il faut acheter leur dernier album !
Et c'est parti pour une heure de zouk à tous les étages et un voyage en chansons et en danse pour le soleil des îles .
La chanson française d'aujourd'hui.
Longue intro musicale. Les musiciens entrent deux par deux et chauffent la salle en tapant des mains pour faire monter la pression avant l'entrée sur scène de Ridan, Victoire de la musique en 2005 dans la série "révélation album".
Nadir ex-rapeur est devenu Ridan, parce que "en arabe, on lit de droite à gauche". Il a gardé la capette pour un répertoire de variété : un peu de rap, un peu de festif, un peu de funk, un peu raï, un peu hip hop pour décrire le mal des cités qui déchaînent les youyous.
Les fans étaient au rendez-vous.
Elu par la profession meilleur artiste masculin aux victoires de la musique 2004, Calogero ne veut pas qu'on le photographie. Veut-il qu'on l'écoute?
C'est sous la tente dédiée aux artistes français que la nouvelle idole de toute une génération va se produire. Je parle de Vincent Delerm et de son public de trentenaires (qui semble s'élargir à + ou - 10 ans).
Attendu tel une rock Star, le public scande son prénom. Les années 90 avaient la Bruelmania, en 2005, nous avons la Delermania.
L'arrivée de Vincent au piano, se fait sans un mot mais avec une bande son faisant office de petite voix intérieure qui se pose l'importante question : Comment dire bonsoir ?
Puis débute le concert musical avec "La vipère du Gabon" où le public, connaissant parfaitement l'œuvre, se fend d'un "Ah bon!" complice à la fin de chaque couplet.
Suivent "Charlotte Carrington", "Quatrième de couverture", "Tes parents », "Le baiser de Modiano". Le public est sous le charme de ce chanteur désabusé, qui seul avec son piano distille sa chanson française quotidienne, faite d'histoires sans forcément grand intérêt mais où chacun peut se retrouver.
Là serait donc le principe de base de ses chansons. Mais le prévoyant Vincent prend ses détracteurs de vitesse et en voix off François Morel (ancien Deschien) critique la "patte" Vincent Delerm, faite de noms de marques et autres noms propres.
En tout cas le public, lui, est à cent pour cent derrière son chanteur, et le prouve en reprenant a capella un couplet du "Monologue shakespearien".
Avec ses histoires universelles, Vincent Delerm a su être en phase avec toute une génération portée sur la mélancolie. De nos jours, la nostalgie commence de plus en plus tôt...
>>> La conférence de presse de Vincent Delerm
Devant une foule massée sous le chapiteau Domino, Camille, accompagnée de 3 compères invente un monde bien à elle, fait de piano, de contrebasse et de voix aux utilisations multiples.
Un soupçon de rap
NTM n'est plus. Kool Shen en solo n'en finit pas de faire ses dieux.
Bon ça rape dur...mais le temps passe....
Du rock de qualité
Ne vous y trompez pas ! Le quartet cravaté de Gomm, chemises et pantalon noir, arborant un look des années 70, ne vous propose pas un revival yéyé/SLC (Ndlr : Salut Les Copains). Gom c'est du metal goth électro-punk rock !
Univers métronomique et électricité dans l'air, influencé par la rythmique répétitive d'outre-Rhin et le punk synthétique anglo-saxon, Gomm attaque avec "Karl Heinz Mucke" qui scotche le public.
De l'électro-punk "I need" au lancinant "Rejoice" (les paroles "I'cant give up my obsession I want naked truth" résonneront longtemps dans vos petites cellules grises), Gomm a vite fait de vous séduire.
Les guitares éclaboussent, les synthés psychédéliques électrocutent, la batterie hypnotise et Marie, sorte de Kazu blonde aux yeux bleus, a une voix qui oscille entre la babydoll et la rriot girl.
Ça dépote et nettoie les oreilles au bon sens du terme !
Attention, danger addiction !
C'est avec l'envie évidente d'en découdre que le quatuor emmené par son chanteur Philippe Prohom se présente sur scène.
Mélange de techno et de rock, la musique de Prohom se veut intègre. L'utilisation de samples se fait sur toutes les chansons et se mêlent aux guitares électriques.
Se succèdent notamment "Georges" et "Et ça oublie d'aimer", tirés de leur premier album "Prohom", et "Prouve le moi", tiré de leur dernier opus qui finit en tambour du Bronx.
Le chanteur, ne faisant pas dans l'à peu près a ses techniques pour motiver la foule et lance "Ce n'est pas le festival des mous du cul !". Il sait trouver les mots juste pour atteindre son public "Il ne s'agit pas de taper des mains comme avec Calogero" (Ce dernier le précédait sur une scène voisine).
Le rock-électro pêchu de Prohom, emmené par un chanteur rentre-dedans, reste cependant efficace et donne au public matière à bouger. Leur carrière a débuté sur un malentendu. Dès qu'on parle de Matmatah, on imagine les menhirs, la musique celtique, les fest-noz, le chouchen. Pour faire simple, on imagine un groupe breton.
Pas que cela soit péjoratif, mais dans le cas de Matmatah, cela semble quelque peu réducteur.
Pour qui les a vu à un de leurs 800 concerts (ah, l'endurance bretonne !), la musique de Matmatah tient plus du rock 70' qu'autre chose. Le rythme est binaire, les guitares saturées, la basse bien carrée, c'est rock quoi !
Et aux Solidays, le quatuor nous a envoyé des décibels pleins les oreilles. Le public n'attendait que ça et il a été servi. Reprenant en chœur le refrain de "Au conditionnel", il a exulté sur "La ouache".
Matmatah y va à l'énergie, alternant chansons en anglais et en français, dont une chanson de comptoir "Il fait beau sur la France". "Emma" s'est ensuite invitée finir le concert…
L'inévitable et très demandé rappel aura lieu avec "Alzheimer" dédicacée "aux dirigeants du G8 et au ministre qui doit se bourrer la gueule avec Bono" (le concert de U2 avait lieu le même soir).
Matmatah a montré ce soir un visage très rock, plein de fougue et d'énergie. Forcément il y avait bien 2-3 drapeaux bretons qui flottent dans le public, mais finalement je pense qu'ils avaient du s'égarer.
Une affiche exceptionnelle pour le reggae de la Jamaïque à la côte d'Ivoire en pssant par l'Angleterre avec Patrice, Steel Pulse et Tiken Jah Fakoly
C'est Patrice, qui comme l'année passée, monte le premier sur scène alors que les nuages s'éloignent pour laisser place au soleil. Car, toujours comme l'année dernière et comme il nous l'avait assuré en interview, il fait toujours beau quand il chante.
Et il est manifestement vrai que les cieux sont avec lui. Il lui ont accordé la beauté, le talent, la gentillesse, la générosité et le charisme . Fidèle à Solidays, il n'a pas hésité à venir spécialement d'Espagne.
Fils spirituel de Bob Marley, il s'inscrit dans cette nouvelle génération de reggaemen qui sans renier leurs racines et leur attachement à la trinité rasta, P eace, Love and Unity vivent dans leur temps.
Du reggae roots au funk débridé, du hip hop rythmique au néo-soul, sa voix protéiforme et terriblement émouvante fait des merveilles sur des mélodies percutantes.
Il joue une intro seul à la guitare acoustique avant d'être rejoint par les efficaces membres du groupe jamaïcain Shashamani Band le rejoignent. Pour nous proposer le meilleur de son dernier album Nile dont les sublimes "Africanize drem" et "Done".
D'une énergie indomptable, il improvise une chanson pour Solidays et n'hésite pas à quitter la scène pour se dresser bras levés devant la bannière de Solidarité-Sida. Il danse, parle avec le public et demande : "Paris are you ready to get spiritualized ?". Pas de doute quant à la réponse !
>>> L'interview de Patrice à Solidays 2004
Rappelez-vous, ou au moins faites appel à votre culture musicale. En Angleterre, il y aura bientôt 30 ans, en pleine mouvance punk et new wave, un goupe de roots reggae faisait la première partie de The Clash, The Stranglers et Police et en 1978, il assurait la première partie de Bob Marley & The Wailers en tournée européenne. Qui est-ce? Steel Pulse, mené par son leader charismatique David Hinds.
Régulièrement nominé aux Grammy Awards, toujours chaleureusement accueilli en France, Steel Pulse est un mythe vivant, sans doute le dernier de la lignée exceptionnelle des groupes pratiquant à la fois la philosophie rasta et un militantisme intransigeant.
Le chapiteau du Dôme était trop petit pour contenir le public. Impossible d'approcher de la scène devant laquelle se masse le public. La clameur monte jusqu'à ce que David Hinds apparaisse sur un "Bonsoir Paris ! ".
A ce moment, un mouvement de foule telle une vague venant de l'extérieur propulse les gens à trois mètre en avant. Et pourtant le Dôme est de nouveau bondé. La clameur, les applaudissements et la reprise des paroles en choeur par le public ne cesseront pas.
Avec des morceaux comme "African holocaust" et "No more weapons", Steel Pulse c'est un reggae intemporel comme celui de Bob Marley qui ne prendra jamais une ride.
>>> La conférence de presse de Steel Pulse
Tiken Jah Fakoly clôturait cette journée et la 7ème édition du Festival Solidays. Choix pertinent que ce groupe de reggae ivoirien généreux et militant sans manichéisme.
Longue introduction instrumentale avant que le diable rouge entre sur scène sous les acclamations. Il salue Paris et harangue les festivaliers
Vêtu de son ample "poncho" flamboyant, toujours en mouvement, il saute, danse, court sur la scène qui devient trop petite pour lui et exécute une sorte de ballet incantatoire qui le fait ressembler à une torche vivante.
Tiken Jah Fakoly offre au public très nombreux un concert flamboyant de reggae cuivré et militant.
Le public reprend en chœur "Africa" poing levé et "L'Afrique doit du fric" joué après qu'il ait lancé "Nous présentons une Afrique qui ne veut plus pleurer mais qui veut parler ! Après tout ce qui s'est passé l'Afrique doit-elle encore du fric ?".
Exorcisant les vieux démons et fustigeant les malfaisants, qu'ils soient noirs ou blancs, iI joue les meilleurs titres de ces deux derniers albums Françafrique et Coup de gueule.
Le public connaît par coeur : "Le balayeur", "Tonton d'Amérique", "Le pays va mal", "Plus rien ne m'étonne", "Quitte le pouvoir" et "Discrimination" qui sont autant de titres explicites.
Un concert qui ne saurait laisser indifférent et qui clôturait judicieusement la 7ème édition du Festival Solidays.
>>> La conférence de presse de Tiken Jah Fakoly |