Texte de Donatien Alphonse François de Sade, mise en scène de Hervé Loichemol, avec Anne Durand, Jean-Marie Thiedey, Hugues Duchêne, Romain Delamart, Nicolas Hanoteau et le pianiste Stéphane Leach.
Dans "La Philosophie dans le boudoir", opus composé de dialogues destinés à "l'éducation sexuelle des jeunes demoiselles", le Marquis de Sade a inséré, entre les enseignements lubriques, des considérations philosophico-politiques.
Placée sous "le saint flambeau de la philosophie", celle intitulée "François, encore un effort si vous voulez être républicains" aborde les principes devant être entérinés par la République au nom de la prévalence du concept de Nature régissant, de tous temps et en tous lieux, les comportements humains qui, dès lors ne devraient jamais être soumis ni à la loi ni à la morale au demeurant largement inféodées à des construction judéo-chrétiennes.
Au terme d'une démonstration provocatrice et spécieuse fondée sur le sophisme, Sade développe, sur un mode pamphlétaire, les aberrations auxquelles peut conduire la Philosophie des Lumières.
Ainsi, l’apologie de l’athéisme, la légitimité du vol comme outil de rétablissement de l'égalité des richesses et du meurtre comme permettant "l'épuration de la race humaine" par la suppression de sa "vile écume" de la nature humaine" et la liberté absolue des mœurs consacrant tant la prostitution que le viol et l'inceste laissent pantois.
De larges extraits sont portés sur scène par Hervé Loichemol, à la mise en scène, et Anne Durand, au jeu, sous forme monologale et dans une scénographie reconstituant un salon fin de siècle, avec tapis, candélabres, piano, tables garnies et un immense et défraîchi drapeau tricolore faisant office de tenture.
La partition se déroule ponctuée d'intermèdes dinatoires incluant serviteurs et giton (Romain Delamart, Nicolas Hanoteau et Hugues Duchêne) et musicaux dispensé par Stéphane Leach,sous l'oeil reptilien et approbateur d'un avatar vieillissant du divin marquis (Jean-Marie Thiedey).
Portée par une belle ingénuité, Anne Bertrand dispense une prestation jubilatoire au fil d'une métamorphose à rebours du discours sulpicien de dame patronesse à l'intervention politicienne à la tribune avant d'achever par la harangue d'une passionaria sadienne encostumée et emperruquée à la mode du 18ème siècle.
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