Comédie dramatique de Ysamina Reza, mise en scène et interprétée par Kuno Bakker, Gillis Biesheuvel et Frank Vercruyssen.
Si l'on retrouve Frank Vercruyssen, une des âmes du collectif flamand TG Stan, il sera sur scène le seul représentant de ce groupe subtil. Ses deux autres partenaires, Kuno Bakker et Gillis Biesheuvel, eux, viennent d'un autre collectif flamand, Dood Paard, plus enclin au grotesque.
Ce n'est pas la première fois que les deux collectifs s'associent et on avait pu les voir réunis dans "Onomatopées".
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, si l'on n'est pas sensible à un humour "lourd", ne rechignant pas sur les effets appuyés, on ne participera pas aux rires nombreux qui caractérisaient "Onomatopées" et qui saluent cette version farce de la pièce de Yasmina Reza, "Art".
Personne n'a oublié le prétexte qui est le fil conducteur de cette charge assez convenue contre l'art moderne : un des trois personnages a acheté pour une somme rondelette un monochrome blanc, suscitant l'ironie d'un de ses amis de longue date. A revoir, vingt ans après, cette œuvre très bien fabriquée, on en redécouvre aussitôt toutes les limites. A commencer par une critique facile de l'art dit moderne... puisque se moquant d'une "modernité" datant des années 1950 et qui ne nourrit aujourd'hui plus aucun débat Attirant les rires et les sarcasmes des tenants d'un goût bourgeois bien assurée, "Art" suscita même un certain malaise pour son côté "beauf" ou "poujadiste" dans son "analyse" de l'art contemporain. Presque un quart de siècle après sa création, les deux collectifs belges unis ont bien compris que l'alibi de la critique du "goût des autres" de la pièce était mince et qu'il fallait la transformer définitivement en "gros" divertissement en jouant encore plus que d'habitude la connivence avec le public pour en tirer quelque chose de jouable. Au début, avant que l'argument disparaisse au profit d'une bataille burlesque où il ne manque finalement que les tartes à la crème, remplacées ici par des noyaux d'olives vertes, on pourra noter combien Yasmina Reza s'est inspirée de Nathalie Sarraute. En effet, sans "Pour un oui ou pour un nom", "Art" n'aurait pas beaucoup de chances d'exister. Réinterpréter une pièce hybride, avec un sujet beaucoup trop anecdotique, n'est pas une chose aisée même pour des spécialistes de l'interprétation pure comme le sont les Belges. Pour une fois, leur réappropriation du texte n'apporte pas plus de clarté. On rit peut-être plus franchement et ouvertement sans se soucier de la question artistique. En tout cas, si l'on raisonne en spectateur lucide, et pas en "groupie" sans recul, on constatera que les Tg STAN et leurs collègues du Dood Paard ont, pour une fois, paraphrasé le texte, et que leur absence d'idées et d'audace pour la revisiter signifie que la pièce de Yasmina Reza est loin d'être un chef-d’œuvre. |