Réalisé par Guilhem Amesland. France. Comédie dramatique. 1h40 (Sortie le 21 juin 2017). Avec Vincent Macaigne, Philippe Rebbot, Suzanne Clément Rôle, Hafsia Herzi, Monir Ait Hamou et Esteban.
Pour son premier film, Guilhem Amesland n'a pas choisi la facilité. Il a conçu une comédie qui fonctionne en permanence dans l'aléa, le saugrenu, l'abscons et pris pour personnages principaux, deux frères habitués aux à-côtés, aux plate-bandes, à la marginalité.
Des quasi-autistes qui s'expriment difficilement, agissent à l'inverse de leurs intérêts. Sont-ils mythos ? Sont-ils lunaires ? Calculateurs ou naïfs ? Tout est fluctuant et flottant dans ce film très original, qui, du premier abord, paraîtra fragile et pas forcément maîtrisé.
Pourtant "Des Plans sur la comète" de Guilhem Amesland s'avère une vraie proposition de cinéma pensée différemment et finissant par répondre à sa logique propre. Au bout du compte et de quelques péripéties minimales, on finira en empathie avec ses deux frères pieds-nickelés.
On saluera d'abord l'utilisation remarquable que Guilhem Amesland fait de Vincent Macaigne.
Tous les metteurs en scène qui l'emploient prétendent en tirer quelque chose de neuf, d'inattendu, mais bien souvent, il paraît se caricaturer lui-même. Guilhem Amesland, qui a été assistant sur de nombreux films où Macaigne avait la vedette ("La Fille du 14 juillet" d'Antonin Peretjatko ou ceux de Guillaume Brac), en a fait un "prolo" - un peu d'opérette tout de même - un garçon plus rond que d'ordinaire, moins dans la tchatche et le boniment.
Il l'a associé avec l'indispensable Philippe Rebbot, spécialiste de l'introversion, avec qui il forme un couple de vrais-faux frères parfaitement appairés et antithétiques.
Leurs déambulations erratiques dans cette grande surface de bricolage à la recherche (peut-être) de l'amour n'est pas commune dans le cinéma français. On pense quelquefois à "Willy Ier", mais sans le parti pris humaniste et le désir de traiter transversalement la "question sociale".
Entre quelques coups de barbouilles émérites sur un mur et d'improbables chassés-croisés avec leurs deux belles, jouées avec le sérieux décalé qui s'impose par Hafsia rzi et Suzanne Clément, les deux héros de "Des Plans sur la comète" de Guilhem Amesland s'inscrivent dans une singularité réjouissante qui manque trop souvent au cinéma français.
Et qu'on ne se braque contre le film pour quelques maladresses inhérentes à une telle entreprise : "Des Plans sur la comète" n'est heureusement pas un produit calibré. Cette œuvre "zarbie" devrait diviser, mais les curieux qui succomberont à son charme ne regretteront pas de s'y être risqué. |