Comédie-vaudeville de Georges Feydeau, mise en scène de Stéphane Auvray-Nauroy, avec Aurélia Arto, Dianko Diaoune, Michèle Harfaut, Julien Kosellek, Sophie Mourousi, Eram Sobhani et Cédric Soubiron.
Dans "On purge bébé" écrit en 1910, avec un argument aussi prosaïque que trivial qui alimente la querelle conjugale, fer de lance du pandémonium matrimonial, Georges Feydeau trousse avec une cruelle verve comique le portrait des petits bourgeois de la Belle Epoque Ainsi lève-t-il le voile sur l'intimité domestique des Follavoine, qui portent bien leur nom tant ils sont bêtes à manger du foin, révélant leur nature : incultes, mesquins, âpres au gain et au paraître pour enfin avoir leur place dans "le monde". Un siècle plus tard et dix ans après une première création contextualisée selon l'air du temps des années bling-bling*, et avec quasiment la même distribution, Stéphane Auvray-Nauroy revoit sa copie en l'épurant du pittoresque de l'immersion quasi anthropologique. En effet, il se concentre sur l'essence de cet opus en un acte ressortant au genre de la folie-vaudeville dont les personnages, qu'il qualifie de "constipés du verbe", sont la proie de névroses et de pulsions qui les entraînent dans une vertigineuse dérive hystéro-épileptique soutenue par la langue "folle" de Feydeau et le place dans le registre d'un burlesque ionescien. Ansi, entourés d'une bonne idiote (Aurélia Arto) et du trio infernal, un fonctionnaire dindon-cocu (Cédric Soubiron), sa femme nymphomane (Sophie Mourousi) et le cousin-amant (Dianko Diaoune), se démènent l'histrionique porcelainier qui se veut capitaine d'industrie (Julien Kosellek) et son épouse psycho-rigide (Michèle Harfaut) tarabustés par un fils psychotique (Eram Sobhani). Avec le survolté jeu choral des comédiens, ce basculement stylistique dans le "fou-rire" fonctionne efficacement de manière jubilatoire. |