Doux, durs et dingues
(Productions du Pavé / #14 Records) avril 2017
Les vacances n’ont pas encore commencé, et j’angoisse d’ailleurs à cette idée… Que vais-je faire de mes 3 gamins et de mon chien Médor ? On pourrait aller surfer, faire le tour du monde en jet privé ou aller chez Tata Gertrude mettre du fumier sur les patates tandis que Tonton Maurice ira pêcher dans la rivière près de la centrale, où les poissons ont beaucoup grandi depuis sa mise en fonction.
En tout cas, ce qui est sûr cher Lecteur (t’as vu, je te mets une majuscule !), c’est que je ferais tout cela avec le sourire aux lèvres et grâce aux Garçons Trottoirs et leur album, le bien nommé Doux, Durs et Dingues. Cela commence fort avec du rock cajun : banjo, accordéon… Décidément, je suis abonné à cet instrument (ceux qui savent, savent, les autres qui viennent d’arriver ou qui n‘ont pas été attentifs iront lire ma chronique précédente, nan mais oh).
"Animal", le titre qui ouvre l’album, outre la qualité musicale (présente sur tout l’album, ne cherche pas, c’est bon) nous offre un texte plein d’humour. Le quatuor qui a su séduire les publics de France, des Etats-Unis et d’Europe, nous fait ensuite danser sur un titre nettement plus rythmé et qui change d’univers. Les 4 Garçons Trottoirs ne sont pas des débutants, ils ont plus de 500 concerts au compteur, ils ont ouvert pour La Rue Kétanou, Les Fatals Picards ou encore Pagny, Bruel…
"Gourmand", le troisième titre, nous transporte à la Nouvelle-Orléans, avec un texte qui me parle et qui parle de… gourmandise… C’est entraînant, c’est joyeux… C’est Gourmand… (oui elle est facile, mais tu sais chroniqueur ce n’est pas toujours facile, parfois nous arrivons à te transporter avec de superbes tournures de phrase, de longue analyse et puis parfois, ben on cède à la facilité…).
"J’ai ouï dire" parle aussi de femme, d’alcool, de tristesse mais pourtant là encore, le groupe surprend avec une musique qui t’entraîne, te donne le tournis, ce qui devrait te mettre dans le même état que le personnage de la chanson.
"J’voudrais du temps" va te faire reprendre ton souffle, car le groupe calme le jeu et le phrasé de certaines parties me rappelle Gainsbourg ou Nougaro. C’est avec des sonorités latino que ce titre posé parle d’amour avec grâce… Il faut dire que ces qautre-là maîtrisent leur affaire, avec des paroles fines, subtiles et pleines de belles choses, c’est fin et bien ciselé.
"Ma belle héritière" qui suit est plus pop rock. Ce qui est formidable avec Les Garçons Trottoirs, c’est qu’ils passent d’un univers musical à un autre avec facilité, sans plus d’efforts que ça a en apparence et surtout sans faire de cet album un patchwork indigeste.
Paul D’amour (chant et guitare), Jean-René Mourot (accordéon, trompette, piano et chant), Marc-Antoine Schmitt (contrebasse, basse et chant) et Fred Villard (batterie, percussions et chant) peuvent passer d’un blues nerveux à l’image du titre "Le Diable e(s)t ma femme" à un titre plus intimiste, "Le vague à l’âme", en un tour de main.
Voilà un album proposé par un groupe de multi-instrumentistes, multi-styles, inclassable, capable de passer aisément d’un univers à un autre, avec classe, talent et le tout en offrant des paroles fines sachant allier humour et sérieux. "Madeleine", un titre plus folk, marie guitare et accordéon. Là encore, ça claque et ça t’entraîne. Je ne connaissais pas et du coup, de honte, je me suis flagellé à la saucisse d’herbe confectionnée par Tata Gertrude avec les restes des fanes de carottes du jardin.
"Mal de chat" est un formidable dialogue, poétique et plein d’humour, entre son chat et sa maîtresse. Il parle du temps qui passe, qui laisse des traces, mais avec tellement de finesse. Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin et cet album ne déroge pas à la règle, mais de fort belle manière… "Au-delà de la ville" est certainement un de mes titres préférés (et pas parce qu’il est le dernier). C’est entraînant, poétique, joyeux.
Tu vois Lecteur, il est des albums qui, très vite, te transporte, te font rire, pleurer, réfléchir et Doux, durs et dingue appartient à cette belle famille. Hâte-toi d’aller découvrir cet univers coloré, chantant et poétique, facétieux et si beau. Allez file, moi je fonce chez tata Gertrude lui l’offrir, et peut-être qu’elle me laissera conduire son tracteur !
# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil
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