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Richard Ford  (Editions de l?Olivier)  mai 2017

Dire que Richard Ford est un grand auteur est un euphémisme tant il est pour moi un immense écrivain qui m’accompagne depuis que j’ai pris goût à la littérature et dont les deux derniers romans, Canada et En toute franchise, m’avaient subjugués.

Avec Entre eux, Richard Ford sort des sentiers battus du romanesque pour nous livrer un court texte d’à peine 200 pages sur ses parents. "L'un des premiers défis de la vie est de connaître pleinement ses parents – à supposer qu'ils vivent assez longtemps pour nous le permettre, qu'ils en vaillent la peine et que ce soit matériellement possible", nous dit Richard Ford. Pour lui, ils en valent la peine puisqu’il nous livre un très beau livre sur eux.

En juxtaposant deux textes, l’un en hommage à sa mère, écrit il y a trente ans et l’autre, consacré à son père écrit récemment, il leur permet de se répondre de la plus belle des façons en retraçant leurs vies, ensemble puis séparés après la mort du père. Il commence par la vie de son père, dans une première partie intitulée au loin je me souviens de mon père qui raconte l’existence de ce représentant de commerce qui était sur les routes une bonne partie du temps, mort prématurément quand Richard Ford avait 16 ans. La deuxième partie, consacrée à sa mère, intitulée à la mémoire de ma mère, raconte l’histoire d’une femme qui, après une enfance banale dans l’Arkansas, le mariage et la naissance d’un enfant, souffre des années de solitude puis d’un cancer. Richard Ford a fait le choix d’égrener de nombreuses photographies en noir et blanc, au fil du texte, qui font échos au récit.

Autour de ces deux destins, il y a Richard Ford, se trouvant Entre eux et se posant la question "Que reste-t-il d’une vie vécue ?". Car sa vie, elle, tient entre ses deux êtres : celle de sa mère d’abord qu’il nous décrit avec précision puisque le texte a été écrit peu après sa mort puis celle de son père, qu’il a beaucoup moins connu et qui souffre d’imprécisions (qu’il nous fait souvent remarquer dans le livre) puisqu’écrite plus de 50 ans après sa mort. Les deux textes, évidemment, se reflètent l’un sur l’autre admirablement bien. Ils sont écrits avec finesse, simplicité et amour.

A travers ce livre, Richard Ford nous montre les multiples vertus de l’écriture, le pouvoir qu’elle a de réparer les souvenirs mais aussi celui de consoler ce qui aurait pu l’être et ne l’a pas été. En faisant le choix de nous conter l’histoire de ses parents au travers d’un regard d’adulte, Richard Ford nous ouvre une fenêtre sur sa vie mais aussi sur son œuvre, son livre Canada prenant encore à mes yeux une autre dimension. Certains personnages rencontrés dans ses livres précédents semblent être inspirés de la vie de son père et de sa personnalité. Les thèmes abordés dans les livres de Richard Ford, se reflètent aussi à l’aune de la vie de l’auteur.

"Entre eux" est donc un formidable texte sur le lien qui existe entre un enfant et ses parents, sur les sentiments qui en découlent mais aussi sur tous les regrets qui arrivent une fois les parents disparus. C’est aussi un grand livre sur la mémoire, sur ce qu’il nous en reste après tant d’années, sur ses absences de souvenirs qui nourrissent nos vies en construction. Et c’est surtout un livre passionnant et émouvant d’une très grande sensibilité. Ces confidences sont d’une justesse et d’une pudeur admirables. Les mots sont souvent poignants, particulièrement ceux sur son père notamment quand il écrit "C’est grâce à cet homme-là si je reconnais aujourd’hui que la vie est courte, pleine d’à-peu-près et qu’il faut y faire des impasses et combler des vides si l’on veut s’en satisfaire. Tout s’enfuit ou presque, sauf l’amour".

Enfin, ce livre permet à sa mère de se reposer enfin aux côtés de son père, qui, à l’insu de sa mère déboussolée par le chagrin, a été enterré dans le caveau familial de ses parents où il n’y avait plus de place pour elle. Pour Richard Ford, "cet acte est un tort irréparable, ce n’est pas le pire chagrin de ma vie mais c’en est un" dit-il. Dans Entre eux, il a disposé deux tombeaux de papier l’un tout contre l’autre pour réparer "cet irréparable tort".

Richard Ford signe son livre le plus intime réconciliant l’enfant qu’il était et le septuagénaire qu’il est devenu. Comme il le dit si bien dans le livre, "J’ai eu la chance d’avoir des parents qui s’aimaient et qui, du fond de ce creuset, de cet océan, m’ont aimé aussi. L’amour sait engendrer des beautés".

Aujourd’hui seul plane le doute sur les origines de ses merveilleuses qualités d’écriture qui font de Richard Ford un auteur à part, définitivement à part, de ceux qui savent tutoyer le sublime. Etre capable de poser dans un livre de si beaux mots sur ses parents est une grande preuve d’amour mais aussi une grande générosité à notre égard.

 

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La chronique de "Rien à déclarer" du même auteur


Jean-Louis Zuccolini         
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# 14 avril 2024 : En avril, de la culture tu suivras le fil

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