L'avantage des festivals, c'est qu'on peut y découvrir de nouveaux artistes et voir en concert des groupes pour lesquels on n'aurait pas forcément payé une place le prix du budget essence mensuel du ménage.
Les découvertes de ce second jour de festival sont MPL (Ma Pauvre Lucette) et Aérobrasil. Les premiers développent un univers qui trouve ses racines dans le rap et la musique festive.
Leur côté ambianceur de soirée, avec chorégraphies du groupe et chanteur danseur parodique m'a peu convaincu, déjà parce que musicalement je suis hermétique à ce style.
Aerobrasil, les vainqueurs du tremplin John's Session organisé par Beauregard en janvier dernier, offre une électro plutôt réveuse, soutenue par une batterie efficace. Une bonne occasion de s'étendre sur l'herbe au soleil en attendant les gros concerts où il faudra se battre pour être devant.
Il paraît que j'ai raté un excellent concert de rock garage en n'allant pas voir Yak qui jouait ensuite. J'ai entendu leurs compos très stoogiennes, mais pendant ce temps, j'étais en train de me battre avec le Wi-Fi pour envoyer l'article et les photos de la veille.
En festival, il faut parfois faire des choix, le mien a été clairement mauvais puisque j'ai préféré m'intéresser à Vald plutôt qu'à Yak. Il paraît que Télérama l'a comparé à Eminem. Hormis qu'il s'agit de rap blanc (le sujet d'une de ses chansons), on cherche encore le rapport entre les deux rappeurs.
Vald est au rap ce que Didier Super serait à la chanson française s'il se levait un matin en s'imaginant être le nouveau Léo Ferré. Comment peut-on se prendre autant au sérieux en sortant des inanités comme Vald ? A la rigueur, en s'appelant PNL. Et dire que c'est Grandaddy qui devait jouer à cet horaire. On comprend que le festival a dû choisir en dernière minute en fonction des artistes bookés par certains tourneurs encore disponibles à cette date. On comprend bien aussi que Vald ait été disponible à cette date.
On oublie vite Vald dès l'entrée en scène des Editors. Comme d'habitude Tom Smith en fait des caisses, mais sa voix rachète le côté poseur un peu énervant. Leur set paraît bien court, mais certainement parce que je me suis laissé totalement emporté. Tom Smith a mouillé la chemise au propre comme au figuré avant de terminer le concert par "Papillon" dans une version beaucoup plus musclée que l'original.
Pendant ce temps, les festivaliers qui avaient décider d'arriver un peu tous ensemble, pour assister aux concerts des premiers noms connus, se retrouvent bloqués à l'entrée sous le soleil en raison des mesures de sécurité renforcées, mais visiblement le personnel manque pour fouiller les sacs.
Les australiens d'Airbourne joue un hard-rock très inspiré des Guns & Roses. On retrouve un monstre comme chez Iron Maiden, des guitares aux formes pointues, un mur d'enceintes Marshall (débranchées) derrière le groupe, et bien sûr des cheveux longs et du head banging. Il y a un plaisir rock un peu régressif à rester devant ce groupe qui fait le show. Et lorsque le chanteur, en fin de concert, déclare "We love France, wine and Camembert", il emporte forcément l'adhésion du public.
Iggy Pop fut la vraie star de la soirée. L'Iguane a le ventre qui se relâche, la peau qui commence à pendre, mais il continue à se déhancher, à se jeter à genoux sur scène, à courir derrière le crash barrière pour taper dans les mains des premiers rangs, voire leur tendre le micro. Son set débute très fort avec "I wanna be your dog" et se termine "Wild Child". Entre les incontournables, il livre une excellente version de son dernier single en date, enregistré avec Josh Homme, "Gardenia". On le sent un peu fatigué quand même après avoir couru trois ou quatre fois de suite d'un bout à l'autre du plateau. Et lorsqu'il commence à baisser son pantalon pour montrer ses fesses, on pense qu'une infirmière va venir lui faire sa piqûre plutôt qu'une jeune groupie va se jeter sur lui. Iggy Pop mourra certainement sur scène, mais lorsqu'on voit la joie qu'il prend à faire son numéro, il ne semble pas prêt d'avaler son certificat de naissance.
Je n'ai pas eu le courage de me forcer à une décompression extrèmement brutale en allant assister dans la foulée au concert d'Ibrahim Maalouf. On m'a rapporté qu'il y avait un aspect fest noz à la trompette à la place du biniou dans sa prestation. C'est un peu le revers de la médaille de la programmation à la fois très riche mais aussi fort hétéroclite de cette édition 2017 de Beauregard, les enchaînements entre artistes manquaient parfois trop de cohérence.
Que dire de Phoenix ? Un groupe dont le chanteur arbore une coupe au bol et porte d'improbables chemises à fleurs ne peut pas être foncièrement mauvais. Pourtant, je n'accroche décidément pas à leur musique. A Beauregard, quatre ans auparavant, ils avaient donné un concert qui m'avait déjà peu convaincu. Or je suis encore moins séduit par le récent "Ti amo", qu'à l'époque par "Wolfgang Amadeus". Quoiqu'il en soit, le public réagit bien à la pop anglo-italo-espagnol du dernier album, ainsi qu'aux tubes plus anciens qui émaillent le concert. On remarquera néanmoins que Phoenix s'adresse plus souvent au public qu'auparavant, ce qui crée du lien entre eux et les spectateurs. De plus, contrairement à Air, autre groupe de Versailles, ils s'adressent au public français en français et non pas en anglais.
Les hommes-lapins sont programmés à 1h du matin. Tout le concert d'Echo & The Bunnymen a lieu à contre-jour, il faut croire que Ian McCulloch refuse de se voir vieillir, et surtout que le public le voit vieillir. Le set est un véritable best of. Toutes les chansons de Songs to learn and sing sont interprétées. Ian ne s'est pas départi de son humour à froid. Il annoncera "The Killing Moon" d'un "The best song written in Britain ever". Puis d'enchaîner sur une version tranchante de "The Cutter". Ces retrouvailles, un soir de pleine lune, avec Ian McCulloch et Will Sergeant d'Echo and The Bunnymen étaient de toute beauté.
Le mal de dos après déjà deux jours de festival ont eu raison de moi. Je délaisse Synapson dont le concert à FnacLive l'année dernière, pourtant amputé d'une bonne moitié en raison de problèmes techniques m'avait pourtant agréablement surpris.
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