Réalisé par Gérard Guerrieri. France. Comédie. 1h30 (Sortie le 19 juillet 2017). Avec Michel Ferracci, Jacques Leporati, érard Guerrieri, Fabien Jegoudez, Pierre Antonetti, Sarah-Laure Estragnat et Lucie Peltier.
Est-ce qu'il y a un cinéma corse ? En accolant les deux mots "cinéma" et "corse" n'est-on pas en présence d'un oxymore ? "Afrika Corse" de Gérard Guerrieri arrive à point pour "tenter" de résoudre ces deux épineuses questions.
A proprement parler, "Afrika Corse", qui se passe en Corse et qui propose un générique où les patronymes corses sont majoritaires, est la preuve indiscutable de l'existence d'un cinéma corse. Certes, à la différence du film "Sempre Vivu !" de Robin Renucci, le film est majoritairement parlé en français, subsidiairement en allemand et ne contient que quelques répliques en langue corse.
Mais si l'on regarde son sujet, avec indulgence et sans ricaner, on est devant une histoire qui se passe dans l'île de beauté et qui conte l'improbable existence dans un petit village du trésor de Rommel... d'où le jeu de mots servant de titre au film pour évoquer l' "Afrika Korps"...
Faut-il aller plus loin dans la connaissance du scénario au risque de faire fuir le continental qu'un film corse intriguerait au point de lui donner envie d'y aller voir ? Car, il ne faut pas le cacher, on est en présence - assumée de surcroît - d'un nanar de la plus belle espèce.
Que dire, en effet, de trois frères corses qui se battent pour prouver à un notaire de la RDA (on est en 1974 sous Giscard et Brejnev) qu'ils sont bien les rejetons d'un officier SS qui aurait déposé quelque part dans le maquis un trésor fabuleux ?
Tout dans "Afrika Corse" de Gérard Guerrieri est de l'ordre de la farce, de la farce "énorme !" comme dirait Luchini Fabrice. Il suffit pour s'en convaincre de voir les tenants du "4ème Reich" dont le chef porte une perruque blonde, une peau de bête et est constamment en slip kangourou.
Si l'on survit à la première bobine, et que l'on trouve à cette pochade où la tête de Maure croise la croix gammée le charme des comédies des années 1970 réalisées évasivement par Richard Balducci ou Raoul André, on finira par sourire, voire rire de bon cœur. Tout n'est pas fin, loin de là, mais finalement le scénario est loin d'être idiot et cultive astucieusement les rebondissements.
Plus près de l'esprit de Jean Yanne que de la touche Lubitsch, "Afrika Corse" de Gérard Guerrieri est un film qui devrait être patronné par la revue "Schnock" et attirer, on le redit, les nostalgiques des seventies franchouillardes.
Un tantinet psychédélique, un brin loufoque, un chouia crétin, "Afrika Corse" pourrait être un peu un "Monde fou, fou, fou" à la française. Le spectateur ne s'imagine dans quel pétrin il va se fourrer s'il répond à l'appel de ce film zarbi et dingo.
S'il ne se maudit pas d'avoir répondu à l'appel du chroniqueur de Froggy's delight, il sera, tout au contraire, très fier d'appartenir au petit Landerneau de ceux qui auront découvert le cinéma de Gérard Guerrieri, qui n'a manifestement rien à envier à celui des frères Peter et Bobby Farrelly.
Une telle référence vaut une légion d'honneur et l'on attendra avec impatience la suite d' "Afrika Corse" en préparant une "tarte aux courgettes, Népita et Brocciu" dont l'auteur-réalisateur, le fameux GG, donne la recette dans son dossier de presse.
Franchement, si "Afrika Corse" de Gérard Guerrieri n'est pas le film culte de l'été, c'est à désespérer du mauvais goût cinématographique des cinéphiles français ! |