La canicule perdure et l'auditeur a soif. De nouveautés, de surprises et d'accords impromptus, d'émotions et de douleurs chantées à l'unisson.
Aussi sur que le soleil frappe fort au mois de juillet, les groupes anglais carburant à la cold wave débarquent chaque mois avec leur lot de singles et de noms en "The", pleins de bonnes intentions.
Et de désillusions qui finissent dans les bacs à soldes. N'est pas Interpol qui veut… Editors, quatuor anglais (Un de plus me direz-vous !) joue pourtant une partition bien différente de ses confrères d'outre Manche. Surfant sans doute sur le dark and cold revival qui en aura vu plus d'un ressortir son T-shirt "Closer "ou "Pornography", Editors publient ces jours-ci un Back room aux influences évidentes et au lifting efficace.
La voix perdue dans les octaves graves et la mélancolie des jours de pluie, Tom Smith porte son groupe sur les cimes forcément glacées d'une cold wave ressuscitée et parvient à renouveler le genre. Sombre sans le noir, lumineux sans la convivialité, Back room semble à la première écoute lorgner du coté des premiers U2, période War et Boy, pour puiser l'essence de ses compositions des célèbres guitares atmosphériques qui ont fait le succès de la bande à Bono.
Premier single imparable de l'album, "Bullets" n'en reste pas moins la partie émergée de l'iceberg. Et les mauvais glaçons semblent avoir des réserves naturelles intarissables. "Munich" et sa basse chaude, "Lights" et ses chevauchées de guitare endiablées, "Open your arms" et sa batterie syncopée….Tom Smith dans le rôle du jockey, Editors à tout l'air d'être la bonne monture pour la rentrée 2005. Souple racée, agressive et explosive.
Prêtre gothique d'une autre époque, Tom Smith enchante et recycle jusqu'à l'os le passé ("Blood"). Avec pour matière première Echo and the Bunnymen certes, mais sans clonage. Une fois les synthés cheapos et les brushings inhumés reste l'essentiel, à savoir l'envie partagée d'en découdre avec son mal-être. Délaissant ses idoles comme Ian Curtis, Editors semble faire bloc contre le reste du monde. Et accessoirement contre la majorité des groupes anglais au son mal dégrossi.
La pochette de Editors ne trompe pas. Arcanes sombres et perspectives obscures dépassées, la lumière est sans doute au bout du tunnel…. |