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Hubert Charuel  août 2017

Réalisé par Hubert Charuel. France. Drame. 1h40 (Sortie le 30 août 2017). Avec Swann Arlaud, Sara Giraudeau, Isabelle Candelier et India Hair.

Elles ont de grands yeux songeurs, un peu inquiets, un peu tristes. Une robe noire et blanche, la démarche lourde, mais non sans grâce. Au milieu d’elle, il paraît si frêle.

Pierre, auquel Swann Arlaud prête son visage d’enfant tombé de la lune, est éleveur laitier. Il ne vit que pour ses vaches, ces dames si demandeuses, si dépendantes.

Du matin au soir se succèdent la traite, le nettoyage, les soins en tous genres. Au point qu’il n’a guère le temps pour remarquer les avances d’Angélique (India Hair), la charmante boulangère qui multiplie les sourires en fossettes dès qu’elle le voit.

Encombré, Pierre l’est aussi de ses parents, éleveurs avec lesquels il vit. Mais un mal étrange, venu de Belgique, se répand dans le pays. Une des vaches de Pierre est touchée. Plutôt que de voir tout son troupeau abattu au nom du principe de sécurité, le "petit paysan" préfère cacher le corps - et Dieu sait que c’est encombrant, un corps de vache - et dissimuler ce qui pourrait être le début d’une épidémie, entraînant sa sœur (Sara Giraudeau) dans son mensonge.

Le titre français, "Petit Paysan", pourrait être un titre de conte. Après tout, qu’est cette maladie si ce n’est une malédiction, née on ne sait comment et qui frappe au hasard ? Mais le conte est horrifique, et le film n’a pas été intitulé "Bloody milk" dans sa version anglaise pour rien.

Certes, le film n’est pas une parodie de film d’horreur à la "Black sheep" (film de Jonathan King, 2006), où les animaux en apparence les plus inoffensifs se révèlent être des tueurs redoutables. Le mal s’empare du corps des vaches, qui ne peuvent que le subir, littéralement se laisser traverser par lui : la découverte du virus passe par une suppuration de sang sur le dos des animaux.

Le film prend alors des allures de thriller : comment faire disparaître une vache ? Comment faire en sorte que son absence passe inaperçue ? Comme dans une affaire de meurtre hitchcockienne, il faut effacer toutes les traces, mentir…

L’originalité du film d’Hubert Charuel est sans doute de mêler cette histoire inquiétante à une chronique très quotidienne de la vie paysanne. Lui-même fils d’agriculteur, il filme Pierre au plus près, saisissant le mélange de lassitude et de tendresse qui se dégage de ses gestes.

Certes, la peur de la maladie et de la mort vient interrompre l’organisation bien réglée de la ferme. Les gestes du quotidien sont chargés de peur : chaque caresse peut révéler le sang, chaque beuglement peut être le symptôme de la maladie. Mais la montée de la tension et la mise en place progressive du thriller ne prend jamais le pas sur cet aspect chronique du film.

Jusqu’où doit-on voir dans "Petit Paysan" une métaphore de la condition paysanne contemporaine ? Le film est extrêmement précis quand il aborde les questions de contrôles qualitatifs ou sanitaires. Les éleveurs sont surveillés, mais, semble-t-il, rarement aidés, ce qui les pousse parfois au désespoir.

La difficulté du quotidien, l’enfermement dans l’espace faussement ouvert de la ferme rend compte, de manière quasi documentaire, d’une harassante occupation, presque une dévotion.

Le film sait aussi se faire tendre, drôle dans la description des relations entre Pierre et ses parents. L’inénarrable Isabelle Candelier campe une mère ultra-possessive, un poids dans la vie de son fils pour qui elle prépare amoureusement les tupperwares de la semaine. De même, une visite inquiétante à la police se termine sur un marché plutôt cocasse.

A mesure que le personnage s’enfonce dans ses mensonges, le film s’ouvre vers l’extérieur : départ des parents pour des vacances forcées, soirée au bowling avec des amis pour masquer les événements qui se déroulent dans la ferme, voyage en Belgique…

La plus belle trouvaille cinématographique de "Petit Paysan" réside sans doute dans la manière de filmer les corps. Bien sûr, les corps - vivants ou morts - des vaches sont au centre du film ; dès la séquence d’ouverture, Hubert Charuel décrit l’envahissement de l’espace par les bovins qui s’abritent dans la maison de Pierre, perdu au milieu de son troupeau.

Mais l’apparente fragilité du corps de Swann Arlaud est démentie à mesure que le film avance. Portant littéralement son troupeau, le personnage fait corps avec eux, jusqu’à porter, à même la peau, les stigmates de la maladie. Oui, il y a bien du conte dans ce "Petit Paysan".

 

Anne Sivan         
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