Comédie dramatique de Julien Séchaud, mise en scène de Annie Vergne, avec Ghislain Geiger, Julien Séchaud, Juliette Stevez et Annie Vergne.
Après "Aimez-vous la nuit ?" et "Un mardi en novembre", Julien Séchaud poursuit son exploration du thème du huis-clos et de la part d'ombre génératrice de terribles tensions intérieures que recèle tout homme et qui peuvent mener à la folie destructrice.
Avec "Une ombre dans la nuit", il en peaufine et complexifie la déclinaison en hybridant la comédie dramatique, avec la configuration sartrienne sur l’enfermement et le rapport à autrui, et la pièce policière avec une confrontation des suspects potentiels façon "petits nègres" de la Reine du crime, soutenues par une intéressante analyse psychologique de personnages en manque de résilience.
Accueillis par un inquiétant majordome-geôlier directif (Julien Séchaud), une décoratrice psychorigide (Juliette Stevez), une voyante farfelue (Annnie Vergne) et un journaliste fébrile (Ghislain Geiger) se voient imposer, sous couvert d'un rendez-vous professionnel, une situation inattendue de mise en accusation par une femme inconnue en quête de l'assassin de son fils dont la mort par noyade dans la Seine a été qualifiée de suicide.
Dès lors à chacun de louvoyer, de plaider sa cause ou se défausser en accusateur zélé tout en apportant son morceau du puzzle qui contribue à dresser le portrait d'une victime qui se révèle interlope, ce qui ménage le suspense en entraînant le spectateur dans un labyrinthe de spéculations d'autant que la résolution de l'énigme ressort davantage à la quête de la vérité intime de chacun des protagonistes.
Avec sa solide pratique de la scène, Annie Vergne, tout en soulignant le burlesque instillé dans la partition, orchestre avec une efficacité qu'elle a voulu échiquéenne ce nouveau spectacle "prodomo" du Théâtre Le Guichet-Montparnasse.
Les officiants distribués avec sagacité forment un quartet expérimenté pour peindre la nature humaine et réussir cette immersion dans la psyché de personnalités borderline.
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