Bonsecours, Blainville-Crevon, Bardouville, Giverny, ce sont vers ces lieux méconnus que se tourne la rentrée littéraire cette année aux éditions Finitude. Avec Pourquoi les oiseaux meurent, Victor Pouchet nous embarque avec son premier roman dans un river-trip normand qui risque de beaucoup faire parler.
"Il avait plu des oiseaux morts. J’ai répété ça aux bateliers sur le quai du port de Paris. Ils m’ont regardé étrangement. Pourtant, c’était très exact : il avait plu des oiseaux morts. Je suis allé de péniche en péniche, pour expliquer ma demande : descendre avec eux la Seine, pour observer les oiseaux, et pour atteindre les alentours de Rouen, où une série de pluies d’oiseaux morts était survenue". C’est par ces mots que commence ce petit bijou de livre d’à peine 200 pages.
Personne ne semble préoccupé par l’évènement, tout juste le Paris-Normandie y consacre quelques entrefilets dans ses colonnes. Tout le monde s’en fiche sauf un jeune parisien qui, pour tromper son ennui et se détourner lâchement de sa thèse, se passionne pour se phénomène survenu dans le village où il est né. Il va fouiller, chercher et enquêter, à l’affût du moindre indice, embarquant sur le Seine-Princess, un bateau croisière qui descend la Seine. Son père, dont il n’a plus de nouvelles, habite, justement à Bonsecours. Il est injoignable, c’est l’occasion de partir, peut-être de le retrouver aussi.
Les rencontres sont nombreuses, les pistes se succèdent, toujours inattendues et extravagantes, une amourette se développe et le narrateur profite de cette croisière-enquête pour mettre un peu d’ordre dans sa vie et dans sa tête. Tous les indices sont recueillis dans un cahier qui lui sert de journal de bord. Il découvre de nombreuses choses au cours de son périple, un ancêtre scientifique, des massacres d’oiseaux, déjà, au temps de Mao, aux conséquences désastreuses.
Victor Pouchet, agrégé de lettres modernes, enseignant en classes préparatoires et spécialiste de Stendhal nous montre l’étendue de ses qualités d’écriture dans son premier roman. Il sait raconter des anecdotes, faire preuve de malice et de poésie dans ses écrits et possède aussi beaucoup d’humour. Certaines pages sont particulièrement savoureuses, notamment celles de la rencontre avec la folle de Notre-Dame.
Pourquoi les oiseaux meurent est donc l’histoire d’une sorte de Petit Poucet qui court au devant de cailloux-oiseaux jetés pour lui sur un chemin incohérent, comme un piège voulant le perdre ou l’emmener vers une destination bien précise, vers un retour aux sources. On dévore ce petit livre passionnant, tant grâce à l’histoire et à ses digressions que par la fluidité des écrits de Victor Pouchet. Ce premier livre est un coup de maître, un petit bijou qui fait partie de mes coups de cœur de la rentrée littéraire.
Un an après le joli coup littéraire réussi par les éditions Finitudes avec le très remarqué En attendant Bojangles d’Olivier Bourdeaut, on peut penser (et espérer) que le dernier (et premier) livre de Victor Pouchet suivra le même parcours. Il le mérite vraiment. |