Adam H est le résultat de la rencontre entre le post-punk du musicien et ingénieur du son français Jean-Charles Versari et le folk de l’américain Adam Hocker. La rencontre entre les deux a été permise par Rhys Chatham, autre New-Yorkais exilé à Paris. L’idée de jouer ensemble fait alors jour, les deux hommes ayant en commun cette double culture, tant géographique que culturel avec chacun des parcours et des collaborations les ayant enrichis d’une large palette de styles.
Dans les textes reviennent régulièrement certains thèmes assez noirs (le temps, le feu, le sang, le vide ou la perte), dégageant une atmosphère souvent profonde et grave avec néanmoins des teintes colorées et lumineuses, montrant qu’il y a toujours un peu de réconfort et de joie même dans le désarroi. Les deux artistes ont une vraie complicité qui transpire sur le disque, à travers un blues folk parfois teigneux.
Vocalement, Adam Hocker n’a rien à envier à son compère parisien, son chant sachant se faire puissant mais sans grandiloquence, avec un côté à la fois habité et fragile. En évoquant un des premiers faits historiques fondateurs de son pays (le combat pour l’abolition, la guerre de sécession) et le personnage de John Brown (partisan d’une lutte armée pour mettre fin à l’esclavage), Adam s’interroge sur "la fin qui justifie les moyens" et sur ses propres origines. "Orion" est un superbe titre instrumental de plus de 9 minutes où l’on se surprend à rêver, des images plein la tête.
L’album s’achève sur "Dues", mélodie où prévaut le piano, lourde et hors du temps, où Adam convoque les fantômes de Nick Drake et du Velvet, comme pour vaincre la peur du vide.
Abolition, le dernier disque d’Adam H est un très bel album, une belle découverte aussi.
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