Spectacle conçu et mis en scène par Vincent Thomasset et interprété par Aina Allegre, Lorenzo De Angelis, Julien Gallée-Ferré et Anne Steffens.
Vincent Thomasset, qui avait procédé à une belle mise en voix des "Lettres de non-motivation" de Julien Prévieux, s'adonne avec "Ensemble Ensemble", partition pour trois danseurs (Aina Allegre, Lorenzo De Angelis, Julien Gallée-Ferré) et une comédienne (Anne Steffens), à un exercice bien plus périlleux pour donner corps à la voix et à la pensée.
Ainsi, pour indique-t-il, "parler des choses sans en parler", il a puisé dans divers matériaux biographiques pour juxtaposer dans de brèves séquences elliptiques, des bribes textuelles à la langue pauvre, et néanmoins absconses, essentiellement dispensées, sur fond de musique baroque, sous forme d'une transposition chorégraphiée qui interpellera sans doute davantage le spectateur féru et averti en danse contemporaine.
Les autres seront, pour le moins, déconcerté par cette pièce au format court d'une heure qui "Traversant des paysages vocaux et charnels, [Ensemble Ensemble] met en jeu la circulation du verbe comme une architecture mentale aux multiples dimensions"*, renvoie, pour les non initiés, à la vacuité du théâtre de laboratoire sur le terrain, par ailleurs déjà largement exploré, de la déconstruction du théâtre.
Le spectacle qui navigue de la dramaturgie dadaiste pour sa pantomime appuyée, l'esprit mutin et la syntaxe fragmentée de certaines vignettes qui évoque le fameux "Rose is a rose" de Gertrude Stein, au mouvement Fluxus pour le mélange des langages artistiques sur le principe de l'identité entre l’art et la vie, ressort à la performance dans laquelle "l'art-jeu" constitue un exercice de style qui ne parvient pas à éviter l'hermétisme qui, toutefois, réjouira les théoriciens du théâtre.
* dixit Gilles Almavi, écrivain et dramaturge, artiste associé au Musée de la Danse |