Au Théâtre La Providence, Nicolas Koretzky sort ses monstres. Un one man show burlesque et décapant qui n'a pas froid aux yeux. Lui non plus d'ailleurs pusiqu'il a eu envie, comme il nous l'a dit au cours de cette intervew, de renouer avec un humour caustique et, d'une certaine manière, engagé.
Vous avez déjà, pour votre jeune âge, une bio assez conséquente et étoffée puisque vous avez fait du cinéma, du court métrage, de la télévision entant qu'acteur et que vous êtes également auteur, metteur en scène et réalisateur. Seriez-vous tombé dedans tout petit ?
Nicolas Koretzky : Oui, effectivement, je suis tombé dedans tout petit pusique je voulais être comédien depuis l'âge de 6 ans. De 6 à 13 ans, j'ai fait partie de troupes amateurs qui montaient un spectacle tous les ans que l'on travaillait toute l'année et que l'on jouait à la Toussaint. Comme ça ne me lâchait pas, j'ai pris des cours de façon plus "sérieuse" les mercredis et samedis après-midi. J'ai arrêté l'école jeune, en première, pour me consacrer exclusivement à la comédie. J 'ai suivi une formation d'une dizaine d'années chez John Strasberg (The real stage) et Sara Eigerman (Association FACT) entrecoupées d'expériences professionnelles, des stages avec John Strasberg et des cours avec Sara Eigerman.
A 17 ans, après mon premier stage, j'ai décroché mon premier tournage pour la télévision avec un rôle principal. J'ai trouvé un agent et les choses se sont ensuite enchaînées de façon plutôt heureuse. J'ai donc travaillé de manière très régulière jusqu'au film "Péril jeune" de Cédric Kalpisch qui a eu beaucoup de succès. Et curieusement, c'est devenu un peu plus compliqué pour moi car l'image très marquée du rôle que j'avais dans le film a fait que l'on m'a proposé beaucoup de choses similaires. Ce qui ne m'intéressait pas trop et donc je n'ai peut être pas trop bien géré ma carrière à ce moment là mais je les ai refusées.
La conséquence de ce refus est que les propositions et les tournages se sont raréfiés. J'ai donc commencé à écrire et à réaliser des court métrages pour créer mes propres rôles. Au fur et à mesure, ça m'a plu et a même pris le pas sur le métier d'acteur. Après le court métrage, j'en suis venu à réaliser des publicités et cela prenait tout mon temps. Pendant 4 ans, j'ai développé un projet de long métrage qui n'a pas pu se concrétiser pour différentes raisons.
C'est à ce moment que j'ai demandé à Franck Lee Joseph qui était mon co-auteur pour ce film si cela l'intéressait de poursuivre notre collaboration dans le cadre de l'écriture de mon one man show qui figurait également dans mes projets. Suite à son accord, nous avons écrit le spectacle en 5 mois et je l'ai rôdé en scènes ouvertes avant de venir jouer à La Providence.
Vous avez eu une démarche inverse de celle des jeunes comédiens qui eux commencent en général par le one man show. Pourquoi ce choix aujourd'hui ?
Nicolas Koretzky : Mon idole de comédien quand j'étais plus jeune c'était Coluche. J'ai toujours joué des sketchs de Coluche que je connaissais par cœur. J'étais aussi très fan de Raymond Devos et de Pierre Desproges. J'ai toujours eu en tête de faire de la scène tout seul. Il y a quelques années j'ai d'ailleurs mis en scène des one man shows. J'ai trouvé que c'était le bon moment surtout avec la rencontre avec Franck Lee Joseph. J'avais des idées et je me sentais mature pour le faire.
Comment s'est passée cette écriture à 4 mains ?
Nicolas Koretzky : J'ai déterminé le style du spectacle mais avec Franck Lee Joseph il y a une vraie symbiose. Nous avons la même sensibilité et nous nous entendons parfaitement. L'un commence une idée, une phrase, l'autre la termine, nous écrivons à 4 mains avec un seul ordinateur. Mais c'est lui qui entre dans mon univers. Ensuite, nous avons beaucoup travaillé le spectacle par session très dense. Les sketches sont ensuite testés en public et retravaillés.
Pourquoi le choix du registre trash qui n'est pas un registre facile et qui dans un passé relativement proche a amené des déboires à ceux qui s'y sont risqués ?
Nicolas Koretzky : Je ne me suis pas posé la question en ces termes-là, c'est-à-dire savoir si c'était crash ou violent. C'est venu naturellement et cela correspond vraiment à ce que j'ai envie de faire. Je trouve les comiques actuels assez aseptisés et standardisés pour passer dans le moule de la télé et des radios. Ce n'était pas du tout mon but.
On se trouve même en période de régression par rapport à Coluche et par exemple son sketch "Le viol de Monique". J'ai toujours été fasciné par le personnage de Lenny Bruce qui était un comique américain des années 60 qui a ouvert la voie à tous les gens qui font du stand up aujourd'hui. Je voulais donc faire un spectacle sans concession. Je pense que ce spectacle a sa place et un public.
Un spectacle sans concession mais qui vous ferme aussi certaines portes ?
Nicolas Koretzky : Oui, j'en suis conscient mais je l'assume totalement.
Même si vous êtes votre propre auteur, avez-vous pratiqué une certaine auto-censure ?
Nicolas Koretzky : Non. Dans un premier temps je voulais tester le spectacle tel qu'il était écrit sans écarter l'hypothèse de supprimer ce qui ne passait pas. Or, les sketches les plus trash sont ceux qui plaisent le plus don cil n'y a pas de raison de les modifier. J'y ai beaucoup réfléchi avant de commencer bien sûr, notamment sur le viol des vieilles dames.
La Providence est donc la première salle où ce spectacle est joué régulièrement ?
Nicolas Koretzky : Oui.
Il est peut être un peu prématuré de parler des retours,
Nicolas Koretzky : Avec le public ça se passe bien au niveau des réactions et quant à la fréquentation, la salle est régulièrement complète. Le bouche à oreilles a l'air de bien fonctionner. En juillet nous avons même dû à plusieurs reprises, notamment le samedi, refuser du monde. J'espère que cela va continuer, même si on peut craindre une légère baisse en août du fait des vacances. Mais je ne vais pas griller les étapes.
Je continue à La Providence à la rentrée en septembre avec une programmation le vendredi et le samedi à 23 heures car nous pensons que ce spectacle justifie un horaire tardif. Et en perspective une salle un peu plus grande en 2006 avec un spectacle d'une heure et demie. Il y aura donc de nouveaux sketches qui seront ajoutés.
Avez-vous d'autres projets ?
Nicolas Koretzky : J'ai toujours un projet de réalisation de long métrage, différent de celui qui n'a pas abouti, qui en cours d'écriture avec mon co-auteur. Je voudrais vraiment mener à terme ce projet. Cela étant, les deux activités me plaisent énormément. Et puis, je continue à être acteur suivant les propositions qui sont faites.
Allez-vous voir les autres sur scène ? Dans l'affirmative, y en a-t-il qui vous ont particulièrement intéressé ?
Nicolas Koretzky : Oui. Et j'ai beaucoup aimé "Au milieu d'une feuille" le one man show de Ben qui s'est joué au Moloko. Son univers se situe entre celui de François Rollin et Jean-Jacques Vannier. Ben a 25 ans et est extrêmement prometteur avec une écriture très pointue, un style très personnelle et une grande décontraction sur scène. Je pense qu'il ira loin et je conseille vivement ce spectacle qu'il reprendra d'ailleurs en septembre toujours au Moloko. |